Les 56 pays membres du Commonwealth ont franchi une étape historique lors de leur récent sommet aux Samoa. Après d’intenses négociations, ils se sont accordés sur le fait que “le temps est venu” d’engager un dialogue sur la justice réparatrice liée au passé colonial britannique et à l’esclavage. Cette décision soulève l’espoir d’avancées significatives dans la reconnaissance des torts de l’histoire.
Un sommet sous le signe des réparations
Le sommet du Commonwealth qui s’est tenu cette semaine a été le théâtre de débats animés sur la question sensible de l’héritage colonial et esclavagiste. Selon des sources proches des discussions, les négociations ont été “âpres et tendues” avant d’aboutir à un compromis. Dans leur déclaration finale, les pays membres ont pris acte des appels à une “justice réparatrice” pour l’odieuse traite transatlantique et ont convenu de l’importance d’engager une conversation “utile, sincère et respectueuse” sur le sujet.
Un lourd passé colonial et esclavagiste
Le Commonwealth, initialement constitué du Royaume-Uni et de ses anciennes colonies, s’est depuis élargi à 56 nations. Nombre d’entre elles, notamment en Afrique, dans les Caraïbes et le Pacifique, attendent du Royaume-Uni et d’autres puissances européennes des excuses officielles et des compensations financières pour les souffrances endurées pendant l’esclavage. On estime qu’en quatre siècles, 10 à 15 millions d’esclaves ont été déportés d’Afrique vers les Amériques, bien que le bilan humain exact demeure inconnu.
Les horreurs de l’esclavage ont laissé une blessure profonde et générationnelle dans nos communautés. Notre histoire est profondément entremêlée, ce qui implique la responsabilité de faire face au passé avec honnêteté.
Philip Davis, Premier ministre des Bahamas
La position britannique en question
Face aux demandes de réparations, la position du gouvernement britannique reste ambivalente. Le Premier ministre Keir Starmer a jusqu’à présent rejeté publiquement l’idée de compensations financières. Quant au roi Charles III, figure symbolique de l’ancien empire colonial, il s’est gardé de présenter des excuses lors du sommet, appelant plutôt à “rejeter le langage de la division” et à “trouver des moyens créatifs de corriger les inégalités”.
Vers des formes alternatives de réparations ?
Si la voie des réparations financières semble pour l’heure compromise, d’autres pistes sont évoquées. Joshua Setipa, candidat au poste de secrétaire général du Commonwealth, a ainsi suggéré que les réparations pourraient prendre la forme d’un financement accru de la lutte contre le changement climatique, un défi majeur pour de nombreux pays du Commonwealth.
Une “avancée significative” malgré tout
Au-delà des dissensions, l’inclusion d’une mention de la justice réparatrice dans la déclaration finale du sommet constitue déjà une avancée majeure selon les experts. Pour Kingsley Abbott, de l’Institut d’études du Commonwealth, cela “révèle que la porte d’un dialogue significatif est en train de s’ouvrir”.
Le sommet du Commonwealth aura donc posé les bases d’une discussion historique sur le passé colonial et esclavagiste. Si le chemin vers une véritable justice réparatrice s’annonce encore long et semé d’embûches, la volonté de dialogue affichée par les 56 pays membres laisse entrevoir des perspectives d’apaisement et de réconciliation. Un premier pas crucial pour panser les plaies d’un passé douloureux et bâtir des relations plus équitables.