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Le Commonwealth Appelle le Royaume-Uni à Faire Face à Son Passé Colonial

Le sommet du Commonwealth met le Royaume-Uni face à son passé colonial. De nombreux pays africains, caribéens et du Pacifique demandent des excuses et réparations pour l'esclavage. La pression monte pour que la Couronne fasse amende honorable. Le roi Charles III saura-t-il répondre à ces appels à la justice ?

Alors que le roi Charles III participe à son premier sommet du Commonwealth en tant que monarque, le passé colonial britannique rattrape le Royaume-Uni. Lors de cette rencontre des 56 États membres aux îles Samoa, les demandes de réparations pour l’esclavage et l’héritage de l’empire se font de plus en plus pressantes, éclipsant les discussions sur le changement climatique initialement prévues.

Une exigence de justice réparatrice

De nombreuses nations d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, anciennement sous domination coloniale britannique, souhaitent aujourd’hui que le Royaume-Uni assume son passé en versant des compensations financières ou en présentant au moins des excuses officielles. Pour le Premier ministre des Bahamas, Philip Davis, il est temps que le Commonwealth demande « justice » pour la période brutale de l’esclavage subie par de nombreux pays du groupe.

Le moment est venu d’engager un véritable dialogue sur la manière de réparer ces erreurs historiques. La justice réparatrice n’est pas une conversation facile, mais elle est importante.

Philip Davis, Premier ministre des Bahamas

Selon lui, l’histoire profondément entremêlée des pays du Commonwealth implique une responsabilité de faire face au passé avec honnêteté. Les blessures laissées par les horreurs de l’esclavage sont profondes et générationnelles, la lutte pour la justice et la réparation est loin d’être terminée.

Un appel à la famille royale britannique

La famille royale, qui a elle-même bénéficié de la traite des esclaves pendant des siècles, est directement interpellée. Certains appellent le roi Charles III à présenter des excuses au nom de la monarchie. Mais le souverain s’est pour l’instant abstenu, se contentant de déclarer : « Je comprends, en écoutant les gens à travers le Commonwealth, que les aspects les plus douloureux de notre passé continuent de résonner. »

Sans offrir d’excuses formelles, le roi a toutefois reconnu l’impossibilité de changer le passé, appelant plutôt à en tirer les leçons et à trouver des moyens créatifs de corriger les inégalités qui perdurent. Une position jugée insuffisante par beaucoup.

Le gouvernement britannique temporise

Du côté du gouvernement britannique, le Premier ministre Keir Starmer a publiquement rejeté jusqu’ici les demandes de réparations. Ses collaborateurs ont exclu la possibilité de présenter des excuses lors de ce sommet, malgré des négociations âpres autour d’un projet de communiqué appelant à un débat sur le colonialisme.

Selon une source diplomatique s’exprimant sous couvert d’anonymat, les pays développés tentent d’édulcorer les termes du communiqué final. Mais pour les nations lésées, il ne s’agit pas seulement d’une compensation financière. Elles attendent une reconnaissance de l’impact durable de siècles d’exploitation et une volonté de traiter cet héritage avec honnêteté et intégrité.

Vers des formes de réparations alternatives ?

Joshua Setipa, candidat du Lesotho au poste de secrétaire général du Commonwealth, suggère que les réparations pourraient prendre des formes alternatives, comme le financement de la lutte contre le changement climatique. « Nous pouvons trouver une solution qui permette d’aborder certaines injustices du passé et de les replacer dans le contexte qui nous entoure aujourd’hui. »

Pour Kingsley Abbott, directeur de l’Institut d’études du Commonwealth à l’université de Londres, si une mention de la justice réparatrice était incluse dans le communiqué final, cela constituerait une « avancée significative » révélant qu’un dialogue constructif est en train de s’ouvrir.

Le roi Charles III achève ce samedi une tournée de 11 jours en Australie et aux Samoa, son premier grand voyage à l’étranger depuis l’annonce de son cancer en début d’année. Un périple marqué par la confrontation au passé colonial britannique et une pression croissante pour que le Royaume-Uni fasse enfin amende honorable.

Le Commonwealth, né sur les cendres de l’empire britannique, saura-t-il se réinventer en faisant la lumière sur les pages les plus sombres de son histoire ? L’avenir de cette organisation unique au monde en dépend. Car sans une volonté sincère de réparer les torts du passé, difficile d’imaginer un futur commun apaisé et harmonieux pour ces 56 nations si différentes mais unies par un héritage lourd à porter.

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