ActualitésCulture

Le collectif No Pasarán dénonce l’extrême droite dans un rap engagé

Un collectif de rappeurs sort le titre No Pasarán pour dénoncer la montée de l'extrême droite. Marine Le Pen et Jordan Bardella condamnent "une abjection", tandis que...

Face à la progression de l’extrême droite aux dernières élections, des rappeurs sortent l’artillerie lourde. Sous la houlette de DJ Kore et Ramdane Touhami, une dizaine d’artistes dont Fianso, Akhenaton ou encore Soso Maness unissent leurs flows dans un morceau sans concession : No Pasarán. Un titre coup de poing destiné à mobiliser la jeunesse contre le Rassemblement National.

Un rap engagé pour « faire barrage » au RN

Dès le lendemain des élections européennes qui ont vu le RN arriver en tête, le collectif s’est mis au travail. L’objectif : sortir un titre fort, une « façon de tracter » pour les artistes engagés, comme l’explique Ramdane Touhami.

L’heure est grave. Lorsqu’on apprend que le premier parti des jeunes, c’est le RN, si on ne réagissait pas, ce serait une faute grave de notre part.

Ramdane Touhami

Avec des lyrics percutants, le morceau d’une dizaine de minutes ne passe pas par quatre chemins. « Jordan t’es mort », « Un coup de bâton sur ces chiennes en rut », les punchlines pleuvent sur les cadres du RN. Une violence assumée par les rappeurs, qui dénoncent « l’univers mental toxique » de l’extrême droite.

Des références historiques

Le titre “No Pasarán” n’a pas été choisi au hasard. C’est une référence directe au slogan anti-franquiste scandé durant la guerre d’Espagne, dans les années 1930. Un clin d’oeil historique pour mieux souligner la menace que représente aujourd’hui l’extrême droite, selon le collectif.

C’est la nouvelle version de “La jeunesse emmerde le Front National”, punchline d’un morceau vieux de 40 ans, signé du groupe punk Bérurier Noir.

Ramdane Touhami

Ce n’est pas la première fois que le rap français s’engage contre l’extrême droite. En 1997 déjà, un collectif incluant Akhenaton sortait “11’30 contre les lois racistes”. Mais avec la montée du RN, le combat est plus que jamais d’actualité pour toute une génération d’artistes.

Le RN dénonce “une abjection”

Le morceau n’a pas manqué de faire réagir les principaux intéressés. Sur les réseaux sociaux, Marine Le Pen dénonce “une abjection” et espère que “le parquet va se saisir” du titre. Son bras droit Jordan Bardella fustige quant à lui des “appels au meurtre” et “l’antisémitisme crasse” du rap engagé.

Mais le collectif assume la radicalité de son propos. Face à la banalisation de la haine, il est temps de sonner la mobilisation générale, martèle Ramdane Touhami. Avec l’objectif de faire du titre un hymne anti-RN, dans les bacs et dans la rue.

Des bénéfices reversés à une association

Au-delà du message politique, le projet se veut aussi solidaire. L’ensemble des bénéfices générés par le morceau seront ainsi reversés à la Fondation Abbé Pierre. Un choix fort pour rappeler les valeurs de fraternité qui animent le collectif, à l’opposé du discours de rejet porté par le RN.

Avec No Pasarán, le rap français prouve une nouvelle fois qu’il peut être une arme de conscientisation massive. Un titre coup de poing, des artistes engagés, et un clip qui devrait marquer les esprits. De quoi donner des sueurs froides à l’extrême droite.

Les politiques doivent-ils craindre les artistes ?

Au-delà du cas No Pasarán, la charge du collectif pose la question de l’influence des artistes sur le débat politique. Souvent raillés pour leur “naïveté” ou moqués par le RN, les rappeurs, chanteurs ou acteurs engagés sont pourtant loin d’être inoffensifs.

  • Leur notoriété leur donne une exposition médiatique importante, qui peut contribuer à mobiliser la jeunesse.
  • Leurs prises de position tranchées participent à la bataille culturelle et idéologique.
  • En occupant le terrain, ils obligent les politiques à réagir et peuvent les mettre en difficulté.

Avec ce brûlot anti-RN, le rap prouve en tout cas qu’il compte bien continuer à porter sa voix dans le débat public. Et les politiques seraient bien inspirés de ne pas le sous-estimer. Car comme le dit le collectif : “Le Nouveau front populaire, ça donne envie non ?”

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.