L’Allemagne est à nouveau sous le choc après un attentat meurtrier au couteau perpétré vendredi soir à Solingen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Trois personnes ont perdu la vie dans cette attaque sanglante qui intervient à seulement une semaine de scrutins régionaux cruciaux en Saxe et en Thuringe, deux anciens bastions de l’extrême droite dans l’ex-RDA. L’arrestation du suspect, un Syrien de 26 ans, ravive les angoisses d’une population déjà éprouvée par plusieurs attentats ces dernières années.
Un nouvel attentat qui ébranle le pays
Vendredi soir, vers 22h30, un homme armé d’un couteau a semé la terreur dans le centre-ville de Solingen, agressant au hasard des passants attablés en terrasse ou déambulant dans les rues. Le bilan est lourd : trois morts et plusieurs blessés graves. Âgées de 56 à 67 ans, les victimes participaient à un festival de musique quand elles ont croisé la route du tueur.
Pendant près de 24 heures, une chasse à l’homme intense s’est déroulée pour retrouver le suspect en fuite, dans une ville quadrillée par d’importants effectifs policiers. Les habitants, tétanisés, redoutaient qu’il ne commette un nouveau massacre.
L’angoisse puis le soulagement
C’est finalement samedi soir que le suspect s’est rendu de lui-même à un barrage de police. « Je suis celui que vous cherchez », a-t-il déclaré aux forces de l’ordre, vêtu d’habits tachés de sang. Une scène surréaliste immortalisée par les caméras : dans la lumière des gyrophares, le jeune homme barbu est interpellé par des policiers en gilets pare-balles avant d’être emmené à bord d’un fourgon.
Présenté à un juge dimanche, le Syrien de 26 ans a été mis en examen pour triple assassinat et appartenance à une organisation terroriste. Il a ensuite été incarcéré dans l’attente de son procès. Si son mobile reste flou à ce stade, les enquêteurs explorent sérieusement la piste islamiste.
L’extrême droite attise les peurs
Cet énième attentat commis par un demandeur d’asile intervient à un moment critique pour le gouvernement d’Olaf Scholz. À une semaine d’élections régionales en Saxe et en Thuringe, l’extrême droite espère capitaliser sur ce drame pour gagner des voix.
La politique laxiste du gouvernement met en danger la sécurité des Allemands. Il est temps de dire stop à l’immigration incontrôlée !
– Tino Chrupalla, coprésident de l’AfD
Misant sur les peurs d’une population traumatisée, l’AfD dénonce sans relâche la politique migratoire jugée irresponsable des autorités. Un discours anxiogène qui pourrait séduire des électeurs déboussolés dans ces deux Länder de l’Est.
L’Allemagne retient son souffle
À l’approche de ces scrutins à haut risque, le gouvernement tente de rassurer des citoyens sous le choc. Mais l’émotion est vive dans un pays meurtri par une succession d’attaques terroristes ces dernières années :
- Décembre 2016 : attentat au camion bélier sur un marché de Noël à Berlin (12 morts)
- Juillet 2017 : attaque au couteau dans un supermarché à Hambourg (1 mort)
- Octobre 2019 : fusillade antisémite à Halle (2 morts)
- Juin 2021 : attentat islamiste au couteau à Wurtzbourg (3 morts)
Cette litanie macabre a profondément marqué les esprits outre-Rhin. Si la menace djihadiste s’est éloignée avec l’effondrement de l’État islamique en Syrie et en Irak, le risque d’actions isolées reste élevé.
Sous pression, le pouvoir en place sait que sa gestion de crise sera scrutée de près. Les résultats des élections en Saxe et en Thuringe donneront un avant-goût de l’état d’esprit du pays, à un an des législatives. Pris en étau entre la détresse des victimes et la colère de l’opposition, le gouvernement marche sur des œufs. L’Allemagne retient son souffle.