Près de 14 ans après le début de la guerre civile en Syrie, Raed Saleh, le chef des secouristes syriens connus sous le nom de « Casques blancs », ne perd pas espoir de voir un jour la paix revenir dans son pays meurtri. Malgré les combats qui font rage et le lourd tribut payé par les civils, il continue de plaider inlassablement pour une solution politique au conflit qui déchire la Syrie.
Un plaidoyer vibrant devant l’ONU
Raed Saleh s’est rendu cette semaine à New York pour porter une nouvelle fois la voix du peuple syrien devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, comme il l’avait fait il y a dix ans. Face aux diplomates du monde entier, il a lancé un appel vibrant en faveur d’un règlement pacifique de la crise, tout en exprimant ses doutes sur la capacité de l’ONU à mettre fin au conflit :
Le Conseil de sécurité a échoué ces 14 dernières années à parvenir à la paix en Syrie, et je pense qu’il va encore échouer aujourd’hui.
Raed Saleh, chef des Casques blancs syriens
Selon lui, la Russie, principal soutien du régime de Bachar al-Assad, n’a aucun intérêt à œuvrer pour la paix et utilise son droit de veto au Conseil de sécurité pour protéger Damas. Une position que Moscou réfute, accusant au contraire les Casques blancs de désinformation.
La crainte d’une escalade meurtrière
Malgré un calme relatif qui prévalait depuis 2020 dans le nord-ouest de la Syrie, le pays connaît un regain de violences depuis fin novembre. Une coalition de groupes rebelles, dominée par l’organisation islamiste radicale Hayat Tahrir al-Cham (HTS), a lancé une vaste offensive qui lui a permis de s’emparer de pans entiers de la région d’Idlib et d’Alep, infligeant un sérieux revers aux forces gouvernementales.
Face à cette escalade qui a déjà fait plus de 700 morts dont 110 civils selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, Raed Saleh redoute le pire pour les populations prises au piège des combats :
Nous avons peur de l’utilisation d’armes chimiques par le régime, comme en 2018, 2017 et 2013. A chaque fois qu’il risque un effondrement, il utilise des armes chimiques pour reprendre le dessus.
Raed Saleh, chef des Casques blancs syriens
Des accusations que le régime syrien a toujours rejetées, même si l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé par le passé l’utilisation de telles armes par Damas.
Les Casques blancs sur le front humanitaire
Au cœur de ce chaos, les quelque 3 200 secouristes volontaires des Casques blancs font tout leur possible pour porter assistance aux populations civiles d’Idlib et d’Alep. Leur abnégation et leur courage forcent le respect, eux qui au péril de leur vie extirpent les blessés des décombres et récupèrent les corps des victimes.
Je rêve vraiment que notre travail de sortir des corps des décombres s’arrête.
Raed Saleh, chef des Casques blancs syriens
Un rêve de paix qui semble hélas encore bien lointain, alors que le spectre d’une « punition collective » des civils par le régime plane sur la région, comme le redoute Raed Saleh. Mais malgré la noirceur de la situation, les Casques blancs restent déterminés à accomplir leur mission humanitaire, avec l’énergie du désespoir de ceux qui n’ont plus rien à perdre.
Un conflit interminable aux conséquences désastreuses
Déclenchée en 2011 par la répression brutale de manifestations pacifiques par le régime de Bachar al-Assad, la guerre civile syrienne a plongé le pays dans un abîme de violences et de souffrances. Après plus d’une décennie de combats acharnés, le bilan est effroyable :
- Plus de 500 000 morts
- Des millions de Syriens déplacés ou réfugiés
- Des villes entières réduites à des champs de ruines
- Une économie exsangue
- Des accords de paix bafoués
Malgré les efforts diplomatiques et les cessez-le-feu ponctuels, aucune issue ne semble se profiler à court terme. Les intérêts divergents des puissances impliquées, la radicalisation des groupes armés et la détermination du clan Assad à se maintenir coûte que coûte au pouvoir rendent toute solution politique des plus hypothétiques.
Un pays à genoux qui se meurt
Loin des considérations géostratégiques des grandes puissances, c’est tout un peuple qui se meurt, pris en étau entre la répression aveugle du régime, les exactions des groupes djihadistes et les tirs croisés des forces étrangères. Affamée, épuisée, meurtrie dans sa chair, la Syrie peine à entrevoir la lumière au bout de ce long tunnel de douleurs et de drames.
Face à l’une des pires tragédies humaines de ce début de siècle, la communauté internationale semble impuissante, les appels à la raison des humanitaires comme Raed Saleh se perdant dans le vacarme des armes et le cynisme des intérêts géopolitiques. Mais aussi sombre soit l’horizon, les Casques blancs continueront leur combat pour sauver des vies, secourir les innocents pris entre les feux d’une guerre absurde et porter haut les valeurs d’humanité dans cet enfer syrien. En attendant des jours meilleurs.