Dans un développement surprenant en Guinée, le chef de la junte militaire au pouvoir, Mamadi Doumbouya, s’est attribué le grade le plus élevé de l’armée, devenant ainsi général d’armée. Cette décision, annoncée par décret présidentiel vendredi soir, s’accompagne également de la promotion de plusieurs autres officiers au rang de général.
Le colonel Doumbouya, âgé de 43 ans, avait pris le pouvoir par un coup d’État le 5 septembre 2021, renversant le président Alpha Condé. Ironiquement, c’est Condé lui-même qui avait nommé Doumbouya à la tête des forces spéciales en 2018, une unité d’élite censée protéger le chef de l’État contre de tels soulèvements.
Une tendance inquiétante en Afrique de l’Ouest
Mamadi Doumbouya n’est que le dernier d’une série d’officiers militaires à s’emparer du pouvoir en Afrique de l’Ouest ces dernières années. Avant la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont tous connu des coups d’État similaires depuis 2020, suscitant des inquiétudes quant à la stabilité et à la démocratie dans la région.
Une transition politique en question
Après le putsch, Doumbouya s’était fait investir président pour une période dite de transition. La junte avait promis de mener des réformes majeures dans ce pays pauvre malgré ses immenses ressources naturelles, et longtemps dirigé par des régimes autoritaires. Cependant, les derniers événements remettent en question la sincérité de cet engagement.
Une armée au service de la nation, ne doit aucunement se rendre complice ou coupable d’une politique aujourd’hui désastreuse pour notre peuple, en matière de droits de l’homme et libertés publiques
– Alpha Condé, ancien président de Guinée
Initialement, la junte s’était engagée sous la pression internationale à céder la place à des civils élus d’ici fin 2024. Mais elle est depuis revenue sur cette promesse. Certains de ses représentants se sont même dits favorables à une candidature de Doumbouya à la prochaine présidentielle, suscitant l’indignation de l’opposition.
L’ancien président Condé appelle à un “sursaut patriotique”
Face à cette situation, Alpha Condé, qui se considère toujours comme le président légitime de la Guinée, a lancé un appel à l’armée sur les réseaux sociaux. Il exhorte “toutes les forces de défense et sécurité à un sursaut patriotique pour sauver la démocratie”, dénonçant une “politique aujourd’hui désastreuse pour notre peuple, en matière de droits de l’homme et libertés publiques”.
L’autoproclamation de Mamadi Doumbouya comme général d’armée et les promotions accordées à son entourage militaire soulèvent de sérieuses questions sur l’avenir de la Guinée. Beaucoup craignent que la junte ne cherche à pérenniser son emprise sur le pouvoir, au détriment des aspirations démocratiques du peuple guinéen.
Alors que la communauté internationale observe avec inquiétude les développements en Guinée, il reste à voir si la pression diplomatique suffira à ramener le pays sur la voie d’une véritable transition civile. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si la Guinée parviendra à sortir de ce cycle de coups d’État et d’instabilité politique qui mine son développement et les espoirs de sa population.