C’est une tournée africaine d’envergure qu’a entamé ce mercredi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot. Au programme de ce périple : le Tchad, l’Éthiopie et le Sénégal. Des destinations loin d’être anodines au regard des enjeux diplomatiques qu’elles représentent pour la France.
Le Tchad, premier arrêt sous le signe de l’urgence humanitaire
Dès son arrivée sur le sol tchadien, le ministre français a tenu à aller à la rencontre des populations réfugiées du Soudan voisin. Et pour cause, le conflit qui fait rage dans ce pays a engendré selon lui « la crise humanitaire la plus grande de notre époque », avec pas moins de 11 millions de déplacés et 25 millions de personnes souffrant d’insécurité alimentaire.
L’objectif de cette visite est clair : s’assurer que les deux milliards d’euros d’engagements pris lors d’une conférence organisée à Paris en avril dernier « sont bien suivis d’effets » sur le terrain. Un suivi indispensable pour tenter d’endiguer cette catastrophe humanitaire.
L’Éthiopie, étape sous le signe du multilatéralisme et du patrimoine
Cap ensuite sur Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, où Jean-Noël Barrot doit s’entretenir avec Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine. Au menu des discussions : le renforcement des institutions multilatérales, la résolution des crises, ainsi que les enjeux climatiques et de santé. Des sujets cruciaux pour l’avenir du continent.
Mais cette visite sera aussi l’occasion d’évoquer la coopération franco-éthiopienne dans le domaine du patrimoine, 50 ans après la découverte en Éthiopie de Lucie, le célèbre fossile d’australopithèque mis au jour par une équipe de paléontologues français. Un anniversaire symbolique.
Le Sénégal, dernière étape placée sous le signe du devoir de mémoire
Enfin, c’est au Sénégal que s’achèvera cette tournée africaine. Jean-Noël Barrot y représentera la France lors des commémorations du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye. « Ce sera un moment de mémoire, et pour notre pays, un moment d’introspection », a-t-il déclaré.
Pour rappel, le 1er décembre 1944, l’armée coloniale française avait réprimé dans le sang une rebellion de tirailleurs sénégalais qui réclamaient leurs arriérés de solde, faisant officiellement 35 morts. Un bilan qui pourrait en réalité se chiffrer en centaines de victimes selon plusieurs historiens.
En juin dernier, Paris avait franchi un pas important en reconnaissant six de ces tirailleurs « morts pour la France ». Une décision mémorielle inédite dans ce dossier qui reste douloureux entre la France et le Sénégal.
Une tournée dense et symbolique
De N’Djamena à Dakar en passant par Addis-Abeba, cette tournée africaine de Jean-Noël Barrot s’annonce donc particulièrement dense et chargée de symboles. Entre urgence humanitaire, multilatéralisme et devoir de mémoire, le chef de la diplomatie française aura fort à faire pour tenter de renforcer les liens entre la France et le continent africain.
Un continent qui reste plus que jamais stratégique pour l’Hexagone, tant sur le plan économique que géopolitique. Mais aussi un continent avec lequel la France doit continuer à entretenir un dialogue exigeant et apaisé, loin des heures sombres de la colonisation.
C’est tout l’enjeu de ce type de visites diplomatiques. Reste à voir si les actes suivront les paroles, une fois les valises défaites et les avions repartis. Les populations africaines, elles, attendent des résultats concrets. La France est prévenue.