Au cœur des tensions qui embrasent le Moyen-Orient, un homme ose défier les bombes pour porter un message de paix. Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie française, a pris la route de Beyrouth ce dimanche, bravant l’intensification des frappes israéliennes visant le mouvement libanais Hezbollah. Un périple semé d’embûches, mais porté par l’espoir d’un dialogue renouvelé entre les peuples.
Une Arrivée Sous Haute Tension
C’est sous les tirs nourris de l’aviation israélienne que Jean-Noël Barrot a foulé le sol libanais. Dès son arrivée, le ministre s’est attelé à sa mission première : apporter le soutien de la France, tant sur le plan diplomatique qu’humanitaire. Une aide sanitaire d’urgence a ainsi été remise au ministre libanais de la Santé, Firass Abiad, pour renforcer les stocks médicaux du pays.
Nous remercions la France pour ce don précieux qui nous permettra de mieux faire face aux répercussions des attaques israéliennes.
Firass Abiad, ministre libanais de la Santé
Mais au-delà de l’urgence sanitaire, c’est bien le sort des ressortissants français qui préoccupe Jean-Noël Barrot. Une réunion de travail a été organisée dès son arrivée pour faire le point sur leur situation, alors que la France, comme de nombreux pays occidentaux, a appelé ses citoyens à quitter le Liban début août.
Le Lourd Tribut des Civils
L’arrivée du ministre intervient alors qu’un deuxième Français a trouvé la mort au Liban, dans des circonstances encore non élucidées. Quelques jours plus tôt, une Française de 87 ans avait déjà perdu la vie dans une « forte explosion » dans le sud du pays. Des drames qui illustrent le lourd tribut payé par les civils dans ce conflit.
Chaque vie perdue est un drame, une déchirure. Nous devons tout faire pour protéger les populations, qu’elles soient libanaises ou françaises.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères
Vers un Dialogue Renouvelé ?
Mais Jean-Noël Barrot n’est pas venu les mains vides. Toute une série d’entretiens de haut niveau sont prévus ce lundi, avec le Premier ministre Najib Mikati, le général Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée, et Nabih Berri, président de l’Assemblée nationale. Une occasion unique de renouer le dialogue politique, alors que le Liban traverse une grave crise institutionnelle, sans président depuis octobre dernier.
La France, par la voix de son président Emmanuel Macron, s’est beaucoup engagée ces dernières années pour tenter de sortir le Liban de l’impasse. Un engagement symbolisé par la nomination d’un envoyé spécial, Jean-Yves Le Drian, qui a multiplié les visites à Beyrouth pour convaincre les différentes factions de s’entendre sur un nom pour la présidence. En vain, jusqu’à présent.
L’Ombre de la Finul
En parallèle de ses entretiens avec les autorités libanaises, Jean-Noël Barrot doit également rencontrer le Coordonnateur spécial des Nations unies pour le Liban et les responsables de la Force intérimaire des Nations unies (Finul). Une présence onusienne qui reste le dernier rempart contre une escalade incontrôlée du conflit, mais dont l’efficacité est de plus en plus remise en question.
La Finul doit pouvoir remplir son mandat, pour le bien de tous. C’est le message que je porterai lors de mes échanges avec les Nations unies.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères
Le Liban, Cœur Battant des Relations Franco-Libanaises
Au-delà des enjeux géopolitiques, la visite de Jean-Noël Barrot est aussi le symbole de l’intensité des relations franco-libanaises. Le Liban, ancienne « perle du Levant », reste cher au cœur de nombreux Français. Plus de 23 000 d’entre eux y résident, auxquels s’ajoutent les milliers de binationaux de passage chaque été.
Un attachement profond qui explique l’engagement constant de la France, malgré les crises à répétition que traverse le pays du Cèdre. Et qui donne tout son sens à la visite de Jean-Noël Barrot, au péril des bombes, pour tenter de construire la paix. Reste à savoir si sa voix sera entendue, dans le fracas des armes qui résonne sur les rives de la Méditerranée.