Dans un entretien accordé au magazine Stern, le chancelier allemand Olaf Scholz a vigoureusement condamné les récentes déclarations explosives et le soutien controversé du milliardaire américain Elon Musk au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Des propos qui interviennent à un moment charnière, à seulement un mois et demi des élections législatives anticipées outre-Rhin.
Interrogé sur les attaques personnelles d’Elon Musk qui l’avait notamment qualifié de « fou », d' »imbécile incompétent » puis de « tyran » en quelques semaines, Olaf Scholz a appelé au calme et à la raison. Le dirigeant allemand a souligné que la démocratie de son pays fonctionnait selon la volonté de ses citoyens et non au gré des humeurs changeantes d’un homme d’affaires américain, aussi puissant et influent soit-il.
Un soutien à l’extrême droite qui inquiète
Mais plus que les insultes à son encontre, c’est le rapprochement d’Elon Musk avec l’AfD qui préoccupe le chancelier social-démocrate. Ce parti prône en effet un rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine et milite pour un affaiblissement des liens transatlantiques, des positions qui vont à l’encontre de la ligne défendue par le gouvernement fédéral.
Créditée de 19% des intentions de vote dans les sondages, en deuxième position derrière les conservateurs, l’AfD apparaît comme la formation politique montante à l’approche du scrutin du 23 février. Des contacts réguliers entre l’équipe d’Elon Musk et les cadres du parti ont été confirmés, laissant présager une possible ingérence du milliardaire dans la campagne électorale.
Une rencontre Musk-AfD prévue sur Twitter
L’homme d’affaires de 53 ans, nouveau propriétaire du réseau social Twitter rebaptisé X, doit d’ailleurs participer le 9 janvier à une conversation en ligne avec Alice Weidel, co-présidente de l’AfD. Un rendez-vous très attendu par la droite radicale allemande qui compte bien profiter de la tribune offerte par la plateforme et de la notoriété de son patron pour faire passer ses idées.
Olaf Scholz a de son côté exclu toute discussion avec Elon Musk, indiquant qu’il ne voyait pas l’intérêt de chercher à s’attirer ses faveurs. Les deux hommes ne se sont rencontrés qu’une seule fois en mars 2022, à l’occasion de l’inauguration près de Berlin de la « giga-factory » Tesla à laquelle l’AfD locale s’était opposée.
Une influence néfaste en Europe
Au-delà de l’Allemagne, c’est dans plusieurs pays européens qu’Elon Musk semble vouloir projeter son influence au profit des forces politiques les plus radicales. D’après des sources proches des milieux concernés, il apporterait ainsi son soutien à la droite dure britannique tout en multipliant les attaques contre la Commission européenne.
Face à cette offensive tous azimuts, Olaf Scholz appelle à la vigilance et à la mobilisation des démocrates. Selon lui, il est crucial de ne pas laisser un acteur extérieur, aussi puissant soit-il, déstabiliser les institutions et le débat public à des fins politiques. Un message qui résonne particulièrement à quelques semaines d’un scrutin potentiellement décisif pour l’avenir de l’Allemagne et de l’Europe.
