C’est une histoire rocambolesque qui illustre à elle seule la grave crise que traverse actuellement le Liban. Noureddine Hadid, sprinteur de 31 ans sélectionné pour représenter son pays sur 100m aux Jeux Olympiques de Paris, a été jeté en prison à son retour au pays. Son crime ? Avoir déserté l’armée libanaise fin 2023 pour s’entraîner en France. Celui qui devait fièrement brandir le drapeau libanais lors de la cérémonie d’ouverture le 26 juillet se retrouve derrière les barreaux, purgeant une peine de 10 jours.
Un choix cornélien dans un pays en crise
Le parcours de Noureddine Hadid met en lumière le terrible dilemme auquel font face de nombreux Libanais. Engagé dans l’armée, le sprinteur a fait le choix de tout quitter pour se consacrer à sa passion et préparer au mieux les JO. Une décision courageuse mais risquée, la désertion étant sévèrement punie. Face à l’effondrement économique du pays depuis 2019, beaucoup sont contraints de choisir entre un salaire de misère dans l’armée ou la police et un autre emploi pour joindre les deux bouts, au mépris de l’interdiction.
La fédération d’athlétisme au soutien de son champion
Malgré sa condamnation, Noureddine Hadid conserve le soutien de sa fédération. Son président Roland Saadeh a plaidé sa cause auprès de l’armée, demandant son amnistie :
On espérait que M. Hadid soit amnistié par les dirigeants de l’armée, d’autant plus qu’il représente la nation dans le forum sportif le plus important, à savoir les JO.
Roland Saadeh, président de la Fédération libanaise d’athlétisme
Il a aussi demandé qu’il puisse au moins s’entraîner durant sa détention, assurant qu’aucun autre athlète ne serait sélectionné à sa place.
Un pays en quête d’espoir
Au-delà du cas individuel de Noureddine Hadid, c’est tout un pays qui espère que son porte-drapeau puisse fouler la piste du stade olympique. Miné par une crise économique et politique sans précédent depuis 2019, le Liban a désespérément besoin de raisons d’espérer et de s’unir. Le sport, et particulièrement les exploits de ses athlètes, pourrait redonner le sourire aux Libanais et offrir une image positive du pays sur la scène internationale.
La participation du sprinteur aux JO, qui était source de fierté, devient maintenant un symbole dramatique de la déliquescence du Liban. Les 10 jours à venir seront décisifs. Sans une intervention rapide des autorités, le pays du Cèdre pourrait se présenter manchot à la fête olympique. Plus qu’un athlète, c’est un bout d’espoir qui risque de rester emprisonné.