Au cœur des Caraïbes, un trésor gastronomique vient de recevoir la plus haute distinction. Le cassave, cette galette croustillante à base de manioc, a été inscrit mercredi dernier sur la prestigieuse liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Une consécration bien méritée pour ce pain ancestral, véritable emblème de la cuisine caribéenne.
Du mépris initial à l’engouement mondial
L’histoire du cassave est celle d’un revirement spectaculaire. Lorsque les premiers Européens débarquent en Amérique, ils se montrent d’abord dédaigneux envers cette galette au goût de sciure de bois. Mais rapidement, face à l’impossibilité de conserver leur précieux pain de blé sous ces latitudes, ils revoient leur jugement. Comme le souligne avec malice Gabriel Atiles Bido, membre de l’Académie dominicaine de gastronomie :
C’est ainsi qu’est né le premier dicton du Nouveau Monde : faute de pain, le manioc.
Gabriel Atiles Bido
Dès lors, le destin du cassave est scellé. Cette galette versatile, qui peut être consommée nature, garnie ou en accompagnement, conquiert les papilles de la mer des Caraïbes. Aujourd’hui, elle séduit même au-delà, surfant sur la vague des produits sans gluten.
Un héritage culinaire précieux
Mais le cassave est bien plus qu’une simple tendance. C’est un marqueur identitaire fort pour de nombreux peuples caribéens, à l’instar des Garifuna du Honduras. Au Venezuela, sa préparation et sa consommation rythment la vie des régions côtières et des plaines.
Maritza Zambrano, quinquagénaire originaire de Cupira, se souvient avec émotion :
Je suis née avec le cassave, mes parents en mangeaient. Enfant, c’était notre pain.
Maritza Zambrano
Une reconnaissance au goût de revanche
Si le cassave est omniprésent autour de la mer des Caraïbes, son aura s’est quelque peu ternie avec le temps à Cuba, où il n’est plus consommé que dans certaines régions orientales. Un déclin que la récente inscription à l’UNESCO devrait enrayer, offrant à ce pain millénaire ses lettres de noblesse.
Car au-delà de la fierté légitime des pays porteurs de cette candidature (Venezuela, Cuba, République dominicaine, Haïti et Honduras), c’est tout un pan méconnu du patrimoine caribéen qui est célébré. Le cassave, humble galette de manioc, se révèle être un formidable vecteur de transmission culturelle et un succulent trait d’union entre les peuples.
Alors, la prochaine fois que vous croquerez dans un cassave, savourez ce délicieux morceau d’histoire. Et si l’envie vous prend de le garnir ou de le déguster en dessert, n’hésitez pas ! Ce pain circulaire a plus d’un tour dans son sac pour émerveiller vos papilles.