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Le Canada réduit drastiquement ses quotas d’immigration

Changement de cap au Canada sur l'immigration : quotas en baisse drastique de 21%, reflétant une opinion publique de plus en plus réticente malgré l'image de terre d'accueil. Le gouvernement veut stabiliser la croissance pour rattraper son retard en investissements sociaux. Un tournant radical qui suscite des doutes sur le leadership de Justin Trudeau...

Longtemps perçu comme une terre d’accueil pour les migrants du monde entier, le Canada opère un changement de cap radical en annonçant une baisse drastique de son quota d’immigration. Selon les derniers chiffres communiqués par le gouvernement, le nombre de nouveaux résidents permanents accueillis sera réduit de 21% dès l’année prochaine, et ce malgré des niveaux records ces dernières années.

Une pause dans la croissance démographique

Face à une opinion publique de plus en plus réticente vis-à-vis de l’immigration massive, le Premier ministre Justin Trudeau a justifié cette décision en expliquant que l’immigration doit être « contrôlée et durable ». Il a souligné que cette réduction significative « se traduira par une pause dans la croissance de la population au cours des deux prochaines années ».

L’objectif affiché est de donner le temps aux différents niveaux de gouvernement de rattraper leur retard en termes d’investissements dans les domaines clés comme la santé, le logement et les services sociaux. Une manière de répondre aux nombreuses critiques reçues ces derniers temps sur la gestion de l’immigration.

L’immigration est essentielle pour l’avenir du Canada, mais elle doit être contrôlée et durable.

Justin Trudeau, Premier ministre du Canada

Des chiffres revus fortement à la baisse

Alors que le ministère de l’Immigration prévoyait initialement d’accueillir 500 000 nouveaux résidents permanents en 2025 et 2026, ces chiffres ont été revus à 395 000 pour l’année prochaine et 380 000 pour 2026. Celui de 2027 est même fixé à seulement 365 000, soit une baisse considérable par rapport aux prévisions.

Le ministre de l’Immigration Marc Miller a lui aussi défendu ce plan inédit, affirmant qu’il permettrait notamment de soulager la crise du logement qui impacte fortement le pays actuellement, en réduisant le nombre de nouveaux logements à construire pour accueillir les nouveaux arrivants.

Un tournant idéologique majeur

Cette décision marque un changement de position radical pour le Canada, pays traditionnellement vu comme une destination privilégiée pour les migrants économiques des pays en développement espérant une vie meilleure. Selon le dernier recensement de 2021, près d’un quart de la population canadienne est née à l’étranger.

Il y a encore deux ans, Ottawa affichait des objectifs records en visant 1,5 million de nouveaux arrivants d’ici 2025. Justin Trudeau reconnaît aujourd’hui que dans la période post-pandémie, le gouvernement n’a « pas réussi à trouver le juste équilibre entre les besoins en main-d’œuvre et le maintien d’une croissance démographique durable ».

Un Premier ministre fragilisé

Au-delà de l’enjeu migratoire, c’est aussi le leadership même de Justin Trudeau qui semble remis en question par ce revirement. Selon les derniers sondages, le dirigeant libéral accuse près de 20 points de retard sur son rival conservateur Pierre Poilievre.

Seul un Canadien sur cinq souhaiterait le voir se représenter aux prochaines élections, tandis que près de la moitié voudrait sa démission immédiate. En adaptant sa politique d’immigration, le Premier ministre espère redorer son blason et mieux répondre aux attentes de ses concitoyens inquiets. Reste à voir si ce pari risqué sera payant.

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