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Le Cachemire réclame le retour de son autonomie à l’Inde

Le Cachemire vote une résolution exigeant de l'Inde le retour de son statut de semi-autonomie révoqué en 2019. Un vent de contestation souffle sur cette région disputée entre l'Inde et le Pakistan. Les élus locaux réclament le dialogue, mais New Delhi reste inflexible. Quelles seront les conséquences de ce bras de fer ?

Un vent de contestation souffle sur le Cachemire indien. Mercredi, le parlement local de cette région disputée a voté une résolution exigeant de New Delhi le rétablissement de son statut de semi-autonomie, révoqué il y a cinq ans par le Premier ministre Narendra Modi. Un geste fort qui ravive les tensions dans ce territoire au cœur des rivalités entre l’Inde et le Pakistan depuis leur indépendance en 1947.

La révocation de l’article 370, le tournant de 2019

En août 2019, dans une décision surprise, le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi avait abrogé l’article 370 de la Constitution indienne qui octroyait un statut spécial au Jammu-et-Cachemire. Cette disposition garantissait une grande autonomie à cet État à majorité musulmane, lui permettant d’avoir sa propre constitution, son drapeau et des lois spécifiques.

Sa révocation et le placement du Cachemire sous l’autorité directe de New Delhi avaient provoqué un choc et nourri le ressentiment de larges pans de la population locale. D’après des sources proches du dossier, cette mise sous tutelle s’était accompagnée d’une vague d’arrestations et de restrictions des libertés, dénoncées par les ONG. Le mécontentement n’a cessé de couver depuis.

Le parlement local exige le dialogue et le retour de l’autonomie

Cinq ans après, les élus du Cachemire, convoqués aux urnes pour la première fois en une décennie, entendent faire entendre leur voix. Mercredi, la nouvelle assemblée a voté une résolution qui “déplore la révocation unilatérale” de l’article 370 et “exhorte le gouvernement à ouvrir le dialogue en vue de restaurer le statut spécial“. Un texte qui réaffirme “l’importance des garanties constitutionnelles protégeant l’identité, la culture et les droits” des Cachemiris.

Cette initiative, portée par les partis d’opposition et combattue par les élus du BJP de Narendra Modi, est hautement symbolique. “L’assemblée a fait son travail“, s’est félicité le chef de l’exécutif local Omar Abdullah. Mais elle a peu de chances d’infléchir la position de New Delhi, qui considère sa décision de 2019 comme irréversible et entend garder la main sur ce territoire stratégique.

Une région meurtrie par des décennies de conflit

Car au-delà des enjeux politiques, le Cachemire reste une poudrière. Depuis la partition de l’Empire des Indes en 1947, l’Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de cette région himalayenne, déchirée par des décennies de conflits. Côté indien, une insurrection séparatiste fait rage depuis 1989, avec un lourd bilan : des dizaines de milliers de morts, civils, rebelles ou soldats.

Malgré le déploiement de 500 000 soldats indiens pour lutter contre les groupes armés, les incidents se poursuivent comme en témoignent les récents événements. Mardi, l’armée a abattu un rebelle présumé et dimanche, une grenade lancée sur un marché de Srinagar a fait 12 blessés. Une spirale de violences qui semble sans fin.

Vers une normalisation ou une nouvelle escalade ?

Dans ce contexte, la résolution du parlement cachemiri apparaît comme un cri du cœur et un appel à la raison. En demandant le dialogue et le retour des garanties constitutionnelles, les élus espèrent ouvrir une voie vers l’apaisement et la normalisation. Mais leur démarche a peu de chances d’être entendue par un gouvernement central qui a fait du contrôle du Cachemire un symbole de fermeté nationaliste.

Le risque est donc grand de voir les tensions s’aggraver et la contestation s’amplifier dans les mois à venir. Entre l’intransigeance de New Delhi, la colère de la rue cachemirie et les interventions du Pakistan voisin, tous les ingrédients d’une nouvelle escalade semblent réunis. À moins qu’un sursaut de sagesse ne pousse les différents acteurs à renouer le fil du dialogue et à imaginer un avenir pacifique pour cette région meurtrie. L’espoir est mince mais il existe.

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