Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, un vent de changement souffle sur le Burkina Faso. Lors d’une conférence à Sotchi, le chef de la diplomatie burkinabè, Karamako Jean-Marie Traoré, a fait l’éloge d’un partenaire émergent mais prometteur : la Russie. Selon lui, Moscou offre des perspectives qui “conviennent mieux” au peuple burkinabè, ouvrant la voie à un nouvel espoir pour le pays et le continent.
Une coopération multisectorielle qui séduit
La Russie apparaît comme un partenaire stratégique aux yeux du Burkina Faso, avec des opportunités de collaboration dans de nombreux domaines clés. Karamako Jean-Marie Traoré a souligné la diversité des secteurs dans lesquels les deux pays peuvent travailler main dans la main, ouvrant de nouvelles perspectives pour le développement et la stabilité du pays.
Un soutien militaire bienvenu face au jihadisme
Confronté depuis près d’une décennie à la menace jihadiste, le Burkina Faso voit d’un bon œil la présence d’instructeurs militaires russes sur son sol. Une coopération qui ne semble pas inquiéter Ouagadougou, comme l’affirme M. Traoré :
Il n’y a pas de place pour la peur, car nous savons ce que nous voulons, où nous voulons aller. Et nous savons comment nous voulons travailler avec nos nouveaux partenaires.
Karamako Jean-Marie Traoré, chef de la diplomatie burkinabè
Un virage géopolitique assumé
Ce rapprochement avec Moscou marque un tournant dans la politique étrangère du Burkina Faso, qui s’éloigne de son partenaire historique, la France. Un choix assumé par Ouagadougou, qui refuse de donner une “notation” à Paris ou à Moscou, mais qui voit en la Russie un pays respecté par l’Afrique et avec lequel il peut cheminer en toute souveraineté.
Une réorientation régionale en marche
Le Burkina Faso n’est pas seul dans cette démarche. Ses voisins, le Mali et le Niger, également touchés par le jihadisme et dirigés par des régimes militaires issus de coups d’État, ont eux aussi opéré un rapprochement stratégique. Les trois pays ont même annoncé leur retrait de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), accusée d’être inféodée à Paris et de ne pas assez les soutenir dans la lutte antiterroriste.
Vers un nouvel équilibre des pouvoirs en Afrique ?
Cette reconfiguration des alliances en Afrique de l’Ouest pourrait bien redistribuer les cartes sur l’échiquier géopolitique régional. En se tournant vers la Russie, le Burkina Faso, le Mali et le Niger affirment leur volonté de tracer leur propre voie, loin des influences traditionnelles. Une aspiration à la souveraineté qui résonne dans de nombreux pays du continent, en quête d’alternatives pour relever les défis sécuritaires et de développement.
La coopération avec Moscou ouvre-t-elle la voie à un nouveau chapitre pour l’Afrique ? Si le chemin est encore long, le Burkina Faso semble déterminé à explorer cette piste prometteuse. Un pari audacieux qui sera scruté de près, tant par les acteurs régionaux qu’internationaux, et qui pourrait bien influencer durablement le destin du continent.