La France se retrouve plongée dans l’incertitude après le rejet du budget 2025 et la chute du gouvernement Barnier suite au vote d’une motion de censure à l’Assemblée nationale. Cette situation inédite soulève de nombreuses interrogations quant aux conséquences potentielles pour les Français, notamment en matière de retraites et d’impôts. Décryptage d’une crise politique et économique majeure.
Un budget 2025 en suspens, une situation inédite
Le rejet du budget 2025 par l’Assemblée nationale crée un véritable séisme politique. Comme le souligne un expert proche du dossier, « c’est du jamais vu sous la Ve République. Nous entrons en terre inconnue ». En effet, sans budget validé, l’État pourrait se retrouver dans l’impossibilité de fonctionner normalement dès le 1er janvier prochain.
Face à cette impasse, plusieurs scénarios sont envisagés. Le plus probable serait la reconduction du budget 2024, moyennant quelques ajustements. Mais cette solution de fortune ne règlerait en rien les problèmes de fond.
Vers une hausse des impôts en 2025 ?
Avec la reconduction du budget 2024, les Français pourraient échapper temporairement à la hausse de l’impôt sur le revenu jugée « inéluctable » par Michel Barnier. Mais ce répit risque d’être de courte durée. Car sans réformes structurelles, le prochain gouvernement n’aura guère d’autre choix que d’actionner le levier fiscal pour tenter de réduire les déficits.
Il faudra bien trouver de nouvelles recettes. Et malheureusement, cela passera par une augmentation de la pression fiscale sur les ménages et les entreprises.
Un haut fonctionnaire de Bercy
Retraites : des économies remises en cause
Le rejet du budget 2025 compromet également la réforme des retraites portée par le gouvernement Barnier. Celle-ci prévoyait un report progressif de l’âge légal de départ à 65 ans, afin de réaliser plusieurs milliards d’euros d’économies. Mais sans majorité pour la voter, cette mesure phare devra sans doute être abandonnée ou profondément remaniée.
Pour autant, le statu quo n’est pas tenable à long terme. Car avec le vieillissement de la population, le système de retraites par répartition est de plus en plus déficitaire. Il faudra donc trouver d’autres solutions pour assurer sa pérennité, comme l’allongement de la durée de cotisation ou la baisse des pensions.
Moins de moyens pour les services publics
Autre conséquence du rejet du budget : les services publics risquent de pâtir d’un manque de moyens en 2025. En effet, le gouvernement Barnier prévoyait des hausses de crédits ciblées pour certains ministères prioritaires comme l’Éducation nationale, l’Intérieur ou la Justice.
Mais avec la reconduction du budget 2024, ces rallonges pourraient être remises en cause. « On risque de se retrouver avec une police et une justice sous-dotées, et donc moins efficaces », s’alarme un haut-fonctionnaire. Idem dans l’éducation, où le « pacte enseignant » promis par Emmanuel Macron – des hausses de salaires contre plus de missions – pourrait être sacrifié sur l’autel de la rigueur budgétaire.
Des conséquences économiques incertaines
Sur le plan économique aussi, les incertitudes dominent. La reconduction du budget 2024 devrait certes éviter une paralysie totale de l’économie française. Mais elle ne dissipera pas les inquiétudes des investisseurs et des entreprises face à une situation politique instable.
Les marchés financiers détestent l’incertitude. Cette crise budgétaire envoie un très mauvais signal. Elle pourrait peser sur la confiance des acteurs économiques et donc sur la croissance.
Un économiste
À plus long terme, la question de la soutenabilité de la dette publique française risque aussi de revenir sur le devant de la scène. Car sans réformes d’envergure pour réduire les dépenses ou augmenter les recettes, la France pourrait avoir du mal à financer ses déficits croissants à des taux abordables. Avec à la clé, un risque de dégradation de sa note par les agences de notation.
Un avenir politique incertain
Enfin, cette séquence chaotique ouvre une période de grande incertitude politique en France. Après la chute de son gouvernement, Michel Barnier devrait logiquement remettre sa démission au président de la République. Mais l’identité de son successeur à Matignon reste très floue.
Emmanuel Macron pourrait être tenté de nommer une personnalité issue des rangs de la majorité relative, en espérant recréer une dynamique en vue des prochaines échéances électorales. Mais sans garantie de réussite, face à des oppositions de plus en plus radicalisées.
L’autre option serait la nomination d’un Premier ministre de « technicien », chargé d’expédier les affaires courantes jusqu’à la fin du quinquennat. Voire la convocation d’élections législatives anticipées, pour tenter de rebattre les cartes. Mais avec le risque d’une nouvelle poussée des extrêmes, et d’une Assemblée nationale encore plus fragmentée et ingouvernable qu’aujourd’hui.
Un pays sous tension
Quoi qu’il en soit, cette crise budgétaire ajoute encore de la tension dans un pays déjà profondément divisé et abîmé par des années de crises à répétition. Entre l’inflation galopante, la guerre en Ukraine, les pénuries d’énergie, les conflits sociaux à répétition… Les motifs d’inquiétude et de colère ne manquent pas pour les Français.
Autant de défis immenses pour le prochain locataire de Matignon, qui devrait être nommé dans les prochains jours. Sa première mission : renouer le dialogue avec les oppositions pour tenter de recréer un consensus national. Et mettre enfin en œuvre les réformes structurelles dont le pays a tant besoin, sans les imposer par la force. Un véritable chemin de crête.