Alors que le président azerbaïdjanais qualifiait le pétrole de “cadeau de Dieu” à consommer sans regret lors de l’ouverture de la COP29, le Brésil a tenu à nuancer ce propos. Marina Silva, ministre brésilienne de l’Environnement, a rappelé mercredi que si les ressources naturelles sont effectivement des présents divins, il convient néanmoins d’en user avec modération.
Le Brésil, géant pétrolier, prône la tempérance
Avec une production quotidienne d’environ 3,5 millions de barils, soit six fois plus que l’Azerbaïdjan, le Brésil est le plus grand producteur de pétrole d’Amérique latine. Pour autant, le pays ne renonce pas à exploiter cette manne, considérant que cela reste compatible avec ses ambitions climatiques. Une position que la ministre Marina Silva a tenu à expliciter lors d’une conférence de presse :
Dieu nous donne des cadeaux, mais il nous demande toujours de faire très attention. Par exemple, si nous mangeons trop de sucre, nous deviendrons certainement diabétiques.
Marina Silva, ministre brésilienne de l’Environnement
Une métaphore éloquente pour appeler à un usage raisonné des énergies fossiles, ces “cadeaux de Dieu” évoqués la veille par le président Ilham Aliev. Le dirigeant azerbaïdjanais, qui préside cette COP29 organisée à Bakou, avait en effet fait part de son incompréhension face aux critiques visant les pays producteurs de pétrole et de gaz.
Vers une réduction drastique des émissions
Pays hôte de la COP30 prévue en 2025, le Brésil a profité de ce sommet pour présenter sa nouvelle feuille de route climatique. D’ici 2035, le géant sud-américain s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 59 à 67% par rapport à 2005. Un objectif ambitieux que Marina Silva tient à mettre en avant :
Nous contribuons à montrer l’exemple et, ce faisant, à encourager d’autres pays à se fixer des objectifs aussi ambitieux. Nous sommes un pays en développement.
Marina Silva, ministre brésilienne de l’Environnement
Le Brésil espère ainsi inciter d’autres nations émergentes à intensifier leurs efforts, tout en rappelant la responsabilité historique des pays développés dans le réchauffement climatique. Un message fort à l’heure où moins d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement ont fait le déplacement pour cette COP29, qui doit s’achever le 22 novembre.
L’absence remarquée de Lula
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, figure emblématique de la gauche latino-américaine, n’a pas pu se rendre à Bakou. Une chute survenue récemment à son domicile l’a contraint à revoir ses plans. Une absence qui n’a pas manqué d’être remarquée, alors que le Brésil s’apprête à prendre un rôle de premier plan dans les négociations climatiques.
Malgré ce contretemps, le message brésilien reste clair : si le pétrole et le gaz sont des dons de la nature, il convient de les consommer avec parcimonie. Un appel à la raison qui tranche avec l’enthousiasme débridé de certains pays producteurs, et qui rappelle l’urgence d’une transition énergétique mondiale. Le monde saura-t-il écouter cette voix de la sagesse venue d’Amérique du Sud ?
Un engagement climatique à confirmer
Si le discours de Marina Silva sonne juste, il faudra néanmoins juger le Brésil sur ses actes. Le pays, qui abrite la plus grande forêt tropicale du monde, a vu la déforestation de l’Amazonie atteindre des records sous la présidence de Jair Bolsonaro. Un triste bilan que Lula s’est engagé à inverser, en promettant de faire de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité de son troisième mandat.
Réduire la dépendance aux énergies fossiles tout en préservant la forêt amazonienne : tel est le défi qui attend désormais le géant sud-américain. Un challenge de taille, qui nécessitera une volonté politique sans faille et une coopération internationale renforcée. Mais comme le rappelle Marina Silva, c’est en montrant l’exemple que l’on encourage les autres à suivre le mouvement. Et si le Brésil parvenait à relever ce pari, nul doute qu’il s’imposerait comme un leader incontournable de la diplomatie climatique.
Vers une prise de conscience collective ?
Au-delà du cas brésilien, c’est toute la communauté internationale qui est appelée à revoir son rapport aux “cadeaux de Dieu”. Car si le pétrole et le gaz ont permis des avancées considérables au cours des deux derniers siècles, leur utilisation effrénée menace aujourd’hui l’équilibre de notre planète. Un constat qui impose une remise en question profonde de nos modes de production et de consommation.
Consommer ces ressources avec modération, voire s’en passer progressivement au profit d’énergies plus propres : telle est la voie à suivre pour espérer limiter le réchauffement climatique. Un chemin semé d’embûches, qui exigera des efforts et des sacrifices de la part de tous. Mais comme le souligne Marina Silva, c’est en prenant conscience de la valeur de ces “présents divins” que l’on apprendra à les utiliser avec sagesse.
La COP29 de Bakou aura au moins eu le mérite de mettre en lumière cette évidence : le pétrole et le gaz, aussi précieux soient-ils, ne sont pas des ressources inépuisables. Et c’est en les gérant en bon père de famille que l’humanité pourra espérer construire un avenir durable. Un message de bon sens, qui résonne comme un appel à un sursaut collectif face à l’urgence climatique.