À l’approche de la fête d’Hanouka en Israël, une pâtisserie traditionnelle fait polémique. Un pâtissier de Tel-Aviv a créé un « beignet des otages », surmonté d’un ruban jaune en solidarité avec les captifs de l’attaque du 7 octobre 2023. Mais cette initiative ne fait pas l’unanimité.
Un beignet symbolique qui divise
Selon une source proche du dossier, la « Boulangerie 96 » de Tel-Aviv propose depuis quelques jours un beignet d’Hanouka un peu particulier. Baptisé « soufganiyat hatoufim » (« beignet des otages » en hébreu), il est garni de chocolat blanc et orné d’un ruban jaune à croquer. Un symbole fort en Israël depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, où 251 personnes ont été enlevées en territoire israélien. 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 35 ont été déclarées mortes par l’armée.
Mais ce « beignet des otages » ne passe pas auprès de tous. Sur les réseaux sociaux, les critiques fusent, le qualifiant d' »horrible », de « mauvais goût ». Une proche d’un des otages franco-israéliens y voit même un signe de « la banalisation de la plus grande catastrophe de l’histoire d’Israël ». D’autres trouvent l’idée déplacée en ces temps de fête :
Ceux qui ont eu cette idée ont franchi une frontière (…) il n’y a ni originalité, ni pertinence, juste du mauvais goût.
Liat Ron, journaliste et influenceuse
Une tradition culinaire ancestrale
Les beignets, ou soufganiyot en hébreu, sont indissociables de la fête d’Hanouka. Cette tradition remonterait au moins au Moyen-Âge et est liée au miracle de la lampe à huile du Temple, restée allumée 8 jours au lieu d’un seul. D’où la coutume de manger des mets frits dans l’huile pour Hanouka.
Chaque année, les pâtissiers israéliens rivalisent de créativité pour revisiter ce beignet emblématique. Mais le « beignet des otages », vendu 4€, passe mal auprès d’une partie de la population. « Les otages aimeraient pouvoir manger des beignets dans les tunnels de Gaza », s’indigne un internaute sur un groupe Facebook.
Le ruban jaune, symbole des otages
Depuis l’attaque d’octobre, le ruban jaune est devenu le symbole de la solidarité envers les otages en Israël. Porté en collier ou accroché aux vêtements, il rappelle le sort des captifs. Mais sa présence sur une douceur de fêtes en choque plus d’un.
La Boulangerie 96 se défend en expliquant que « même durant la fête, les clients n’oublient pas les otages ». Un argument qui peine à convaincre ceux qui jugent cette association du plaisir gustatif et du drame des otages indécente voire malsaine.
Des avis partagés face à une situation inédite
Sur les réseaux sociaux, les avis divergent. Si beaucoup fustigent l’initiative, d’autres saluent une façon de maintenir l’attention sur les otages, à l’heure où Israël tente de tourner la page après le traumatisme sans précédent du 7 octobre. Les proches des captifs sont les plus virulents, comme cette mère d’otage s’écriant :
Un ruban jaune sur un beignet ne ramènera pas mon fils ! Cette récupération est indigne de notre douleur.
Au-delà de la polémique, ce « beignet des otages » reflète le traumatisme d’une société israélienne déchirée et en quête de repères, un an après cette attaque qui a ébranlé le pays comme jamais. À l’approche des lumières d’Hanouka, les divisions restent profondes face à ce douloureux symbole sur une douceur festive.