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Le baron de la drogue «El Mayo» transféré de force aux États-Unis

Dans une déclaration choc, Ismael «El Mayo» Zambada, pilier du cartel de Sinaloa, affirme avoir été enlevé au Mexique puis transféré de force aux États-Unis fin juillet. Une nouvelle péripétie dans la lutte contre les puissants cartels mexicains...

Le monde du crime organisé mexicain connaît un nouveau rebondissement avec les révélations d’Ismael «El Mayo» Zambada, figure emblématique du célèbre cartel de Sinaloa. Dans une déclaration transmise par son avocat, le baron de la drogue de 76 ans affirme avoir été kidnappé fin juillet au Mexique puis transféré de force aux États-Unis, où il fait maintenant face à la justice.

«El Mayo», pilier historique du cartel de Sinaloa

Cofondateur dans les années 1980 du cartel de Sinaloa aux côtés du tristement célèbre Joaquin «El Chapo» Guzman, Ismael Zambada est considéré comme l’un des plus gros trafiquants de drogue au monde. Malgré l’arrestation et l’extradition aux États-Unis d’«El Chapo» en 2017, «El Mayo» avait réussi jusqu’à présent à échapper aux autorités, tirant les ficelles de ce vaste empire criminel depuis l’ombre.

Un enlèvement en règle, selon Zambada

Mais le 25 juillet dernier, tout bascule. Attiré dans un guet-apens par Joaquin Guzman Lopez, l’un des fils d’«El Chapo», Zambada raconte avoir été brutalisé par un groupe d’hommes armés avant d’être transféré de force dans un avion privé à destination d’El Paso, au Texas. Une version des faits qui contredit la thèse d’une reddition volontaire avancée par les autorités américaines.

Je n’ai pas été livré volontairement aux États-Unis. J’appelle les gouvernements mexicain et américain à dire la vérité sur mon enlèvement.

Ismael Zambada, dit «El Mayo»

Manque de coopération américaine, selon Mexico

Si l’ambassadeur américain au Mexique, Ken Salazar, reconnaît qu’«El Mayo» a été amené «contre son gré» sur le sol américain, il nie une implication directe de Washington dans l’opération. Une position jugée peu coopérative par le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, qui réclame toute la lumière sur cette affaire rocambolesque.

Zambada nie les accusations, le procès s’annonce houleux

Inculpé de trafic de drogue, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs en vue de commettre un meurtre, «El Mayo» a plaidé non coupable devant un tribunal fédéral du Texas. Son procès, très attendu, promet de lever le voile sur les arcanes du narcotrafic mexicain et ses connexions tentaculaires. Une chose est sûre : même privé d’un de ses leaders historiques, le cartel de Sinaloa n’a pas dit son dernier mot dans la sanglante guerre de la drogue qui ravage le Mexique.

Les cartels mexicains, une hydre à multiples têtes

Car malgré les coups portés, les cartels mexicains font preuve d’une résilience et d’une capacité d’adaptation remarquables. Véritables multinationales du crime, ils ont su diversifier leurs activités (extorsion, enlèvements, trafic d’êtres humains…) et nouer des alliances pour préserver leurs intérêts. Une hydre à multiple têtes qui rend la lutte contre ces organisations particulièrement ardue pour les autorités.

L’affaire «El Mayo» illustre une fois de plus l’ampleur du défi sécuritaire auquel est confronté le Mexique, théâtre d’une terrible guerre contre la drogue qui a fait plus de 350 000 morts depuis 2006. Une spirale de violence qui semble sans fin, nourrie par la demande insatiable en stupéfiants des États-Unis et la corruption endémique rongeant les institutions mexicaines. Seule une coopération américano-mexicaine renforcée, doublée de profondes réformes socio-économiques, pourra espérer venir à bout de ces puissants cartels mexicains qui font la loi sur de larges pans du territoire. Le procès d’Ismael Zambada sera assurément un rendez-vous crucial dans cette guerre à mort entre l’État de droit et le crime organisé.

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