Le Bangladesh est déterminé à traduire en justice les anciens dirigeants du pays, accusés de crimes lors du soulèvement populaire d’août 2024 qui a renversé le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina. Les autorités ont annoncé qu’elles allaient demander à Interpol d’émettre des “notices rouges” à l’encontre de ces dirigeants en fuite.
Asif Nazrul, conseiller juridique du gouvernement intérimaire bangladais, a affirmé dans la presse : “Les responsables des meurtres aveugles perpétrés lors du soulèvement de masse de juillet et août seront ramenés de l’endroit où ils se sont réfugiés. Nous veillerons à ce qu’ils soient arrêtés et traduits en justice”. Bien qu’il n’ait cité aucun nom, un mandat d’arrêt a déjà été émis contre l’ex-Première ministre Sheikh Hasina, 77 ans, vue pour la dernière fois en Inde où elle s’est enfuie en hélicoptère alors que la foule prenait d’assaut son palais.
La traque internationale des fugitifs
Malgré le statut de membre d’Interpol de l’Inde, la notice rouge ne garantit pas que New Delhi livrera Mme Hasina. En effet, les pays membres peuvent appliquer leurs propres lois pour décider d’une arrestation. Cependant, le Bangladesh compte bien demander cette notice “dès que possible” pour alerter les services répressifs du monde entier.
Interpol, basé à Lyon en France, publie ces notices rouges à la demande d’un État membre, sur la base d’un mandat d’arrêt national. Mme Hasina a d’ailleurs été convoquée devant le tribunal de Dacca le 18 novembre pour répondre à des accusations de “massacres, meurtres et crimes contre l’humanité”.
Une vaste opération judiciaire en cours
Le procureur en chef du Tribunal pénal international (TPI) du Bangladesh, Mohammad Tajul Islam, a révélé à l’AFP que le tribunal avait “demandé des mandats d’arrêt pour plus de 60 personnes” et que “jusqu’à présent, environ 25 d’entre elles ont été arrêtées”. De nombreux alliés de l’ancienne Première ministre ont été placés en détention, accusés d’avoir participé à la sanglante répression policière pendant les troubles.
15 ans de violations des droits humains
Le règne de Sheikh Hasina, qui a duré de 2009 à 2024, a été entaché par de graves atteintes aux droits fondamentaux. On dénombre notamment :
- La détention massive d’opposants politiques
- De nombreuses exécutions extrajudiciaires
- Une répression féroce de toute contestation
Le soulèvement populaire de l’été 2024, qui a mobilisé des millions de Bangladais excédés par la corruption et l’autoritarisme, a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. La répression brutale ordonnée par le gouvernement Hasina a causé plus de 700 morts, déclenchant une crise politique majeure et précipitant la chute du régime.
La longue quête de justice
Aujourd’hui, le Bangladesh veut tourner la page de cette période sombre et demander des comptes aux responsables. Mais la traque internationale qui s’annonce s’avère complexe.
Obtenir l’extradition des dirigeants en fuite ne sera pas chose aisée, même avec des notices rouges d’Interpol. Tout dépendra de la coopération des pays où ils ont trouvé refuge et de la volonté politique internationale.
Une source diplomatique à Dacca
Le chemin vers la justice et la réconciliation nationale sera long pour le Bangladesh. Mais cette demande de notices rouges marque une étape importante. Elle témoigne de la détermination du pays à affronter les démons de son passé et à construire un avenir fondé sur l’État de droit et le respect des libertés fondamentales.
Les prochains mois seront décisifs pour savoir si les anciens dirigeants seront finalement traduits devant les tribunaux bangladais. Une chose est sûre : le monde entier aura les yeux rivés sur ce feuilleton judiciaire et diplomatique à rebondissements.