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L’avocat de Boualem Sansal empêché de se rendre en Algérie

L'avocat français de Boualem Sansal dénonce une entrave aux droits de la défense avant l'audience de mercredi sur la demande de remise en liberté de l'écrivain incarcéré en Algérie. Un déni de justice qui remet en cause l'équité du procès...

L’avocat français de l’écrivain Boualem Sansal, Me François Zimeray, a dénoncé lundi une entrave à l’exercice des droits de la défense, se voyant refuser l’autorisation de se rendre en Algérie pour préparer l’audience de mercredi devant la cour d’appel d’Alger. Lors de cette audience cruciale, les juges statueront sur la demande de remise en liberté de l’écrivain franco-algérien de 80 ans, incarcéré pour atteinte à la sûreté de l’État.

Malgré une demande de visa en bonne et due forme, appuyée par une invitation de ses confrères algériens comme le prévoient les accords conclus entre la France et l’Algérie en 1962, Me Zimeray n’a pas obtenu le précieux sésame pour rejoindre son client. Un refus qu’il juge inacceptable et contraire aux traités internationaux ratifiés par Alger garantissant un procès équitable. « Les droits de la défense ne sont pas à géométrie variable », s’est insurgé sur X (ex-Twitter) le bâtonnier de Paris, Me Pierre Hoffman, dénonçant une justice à deux vitesses.

Un écrivain critique du pouvoir algérien

Boualem Sansal, célèbre pour son roman d’anticipation « 2084 : la fin du monde » et ses prises de position contre le régime algérien, a été inculpé et écroué la semaine dernière en vertu de l’article 87 bis du code pénal réprimant les atteintes à la sûreté de l’État. Selon son éditeur Gallimard, l’octogénaire aurait été transféré à la prison de Kolea, à 35 km d’Alger, et placé sous surveillance médicale. Une procédure que Me Zimeray, mandaté par la maison d’édition, qualifie d’opaque, regrettant de ne pas avoir été prévenu « en temps réel » de la situation.

Une mobilisation des soutiens

Face à cette incarcération, une vague de soutiens a déferlé aussi bien des milieux politiques que du monde des lettres pour réclamer la libération de Boualem Sansal. Des voix qui dénoncent une atteinte à la liberté d’expression et créatrice de l’auteur engagé. Me Zimeray entend porter haut et fort la cause de son client, exigeant le respect de ses droits et la tenue d’un procès transparent et équitable. Mais privé de la possibilité de le rencontrer dans des conditions optimales avant l’audience déterminante de mercredi, il craint que la défense de l’écrivain ne soit irrémédiablement entachée.

La sûreté de l’État en question

Au cœur des débats, la notion d’atteinte à la sûreté de l’État, un chef d’accusation fourre-tout qui permet de réprimer toute voix dissidente en Algérie selon les défenseurs des droits humains. Mais où s’arrête la critique légitime et où commence la menace contre les intérêts suprêmes du pays ? C’est tout l’enjeu du procès à venir, qui cristallise les tensions entre le pouvoir et ses opposants. En attendant, Boualem Sansal reste présumé innocent, mais derrière les barreaux, dans l’attente fébrile du verdict qui scellera son sort. Et avec lui, c’est un peu de la liberté d’expression qui est en sursis de l’autre côté de la Méditerranée.

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