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L’avertissement d’Alain-Gérard Slama sur la montée de « l’extrême centre »

La nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre serait-elle le signe d'un glissement idéologique vers un « extrême centre » monopolisant le pouvoir au détriment de la démocratie ? C'est ce qu'avance le philosophe Alain-Gérard Slama, qui avait théorisé ce concept dès 1980. Ses analyses soulèvent des questions cruciales sur...

La récente nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre suscite des interrogations sur l’orientation de la vie politique française. Pour le philosophe Alain-Gérard Slama, cette décision illustrerait le retour en force d’une stratégie qu’il avait théorisée dès 1980 sous le nom d’« extrême centre ». Une idéologie qui, sous couvert de modération, chercherait en réalité à monopoliser le pouvoir au détriment du jeu démocratique normal.

L’extrême centre, une coalition excluant l’électorat populaire ?

Selon Alain-Gérard Slama, la coalition dite « d’extrême centre » actuellement au pouvoir aurait pour conséquence d’exclure de fait le vote des catégories populaires. Le philosophe estime que cette stratégie relèverait moins d’une volonté de consensus que d’une forme d’idéologie visant à verrouiller le système politique :

Loin de se définir par un objectif de modération, ce que j’ai appelé l’« extrême centre » relève de l’idéologie. Au prétexte de maîtriser les passions et de faire prévaloir la raison, cette idéologie tend à monopoliser le pouvoir.

Alain-Gérard Slama

Pour étayer son propos, le normalien rappelle avoir forgé ce concept d’extrême centre dès son premier livre en 1980, Les Chasseurs d’absolu. Un ouvrage dans lequel il analysait déjà les ressorts de cette stratégie politique singulière.

François Bayrou, figure de proue de l’extrême centre ?

Alain-Gérard Slama voit dans l’arrivée de François Bayrou à Matignon une manifestation éclatante du retour en grâce de l’extrême centre. Le patron du MoDem, allié historique d’Emmanuel Macron, incarne en effet depuis plusieurs décennies un centrisme revendiqué, se positionnant en alternative aux clivages gauche-droite traditionnels.

Cette nomination suscite toutefois des critiques, certains y voyant une manœuvre visant à court-circuiter le débat démocratique et à imposer des réformes en force. Des reproches balayés par le nouveau Premier ministre, qui assure vouloir gouverner dans la concertation.

Vers une « paralysie » de la vie politique ?

Au-delà du cas Bayrou, c’est bien le fonctionnement même de la Ve République qui semble remis en question par la montée en puissance de l’extrême centre. En cherchant coûte que coûte le consensus, cette famille politique ne risque-t-elle pas de provoquer in fine une forme de « paralysie » du système ?

C’est ce que craint en tout cas Alain-Gérard Slama. Selon l’essayiste, à force de vouloir gommer à tout prix les aspérités du débat politique, l’extrême centre pourrait finir par vider la démocratie de sa substance. Un avertissement à méditer, alors que la France s’apprête à entrer dans une nouvelle ère politique.

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