C’est une véritable bombe à retardement qui menace l’agriculture française. Alors que le gouvernement Barnier vacille sous la pression de l’opposition, le spectre d’une censure plane comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des agriculteurs. Une perspective qui fait frémir tout le monde paysan, déjà fragilisé par des années de crises à répétition.
Le cri d’alarme des betteraviers
En première ligne, le président du syndicat des betteraviers ne mâche pas ses mots. Pour Franck Sander, «perdre un gouvernement aujourd’hui serait une vraie catastrophe» pour les agriculteurs. Car derrière les turbulences politiques, ce sont des mesures cruciales pour le secteur qui risquent de partir en fumée :
- Des dispositions budgétaires favorables dans le projet de loi de finances 2025
- Des avancées sur le dossier brûlant de la sécurité sociale agricole
- Des signaux positifs envoyés par le ministre de l’Agriculture fraîchement nommé
Autant de promesses qui pourraient s’évaporer en cas de renversement de l’exécutif. Un scénario catastrophe pour une profession déjà à bout de souffle.
L’ombre menaçante du Mercosur
Mais la plus grande crainte des agriculteurs français reste la possible conclusion de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Un traité controversé farouchement combattu par la France, qui y voit une menace directe pour son modèle agricole. Jusqu’à présent, le gouvernement Barnier avait réussi à monter une coalition de pays réfractaires pour faire barrage. Mais en cas de chute de l’exécutif, plus rien ne retiendra la Commission européenne, bien décidée à finaliser cet accord jugé « historique » par ses promoteurs.
Si ce n’est pas Barnier, il va falloir que le président de la République aille lui-même trouver des alliances en Europe pour bloquer le Mercosur.
Franck Sander, président du syndicat des betteraviers
La peur d’un retour en arrière
Au-delà de ces enjeux immédiats, c’est toute la politique agricole française qui pourrait être remise en cause par un changement brutal de gouvernement. Ces derniers mois, des signaux encourageants avaient été envoyés aux paysans, avec notamment :
- Des mesures de simplification des procédures, en particulier sur les dossiers sensibles des pesticides et des permis de construire agricoles
- Des gestes d’apaisement pour calmer la colère qui gronde dans les campagnes, comme la suspension des contrôles des bâtiments d’élevage
- Une inflexion du discours sur la souveraineté alimentaire et la nécessaire protection des agriculteurs français face à la concurrence internationale
Autant d’avancées fragiles qui font craindre aux paysans un brutal retour en arrière en cas d’arrivée au pouvoir d’une majorité hostile au monde agricole. La peur d’être les grands sacrifiés d’un nouvel exécutif est plus que jamais présente dans les fermes françaises.
La mobilisation s’intensifie
Face à ces menaces, la grogne paysanne prend de l’ampleur jour après jour. Depuis plusieurs semaines, les actions coup de poing se multiplient aux quatre coins de l’Hexagone :
- Opérations escargot sur les axes routiers
- Blocages de plateformes logistiques de la grande distribution
- Déversements de fumier et de pneus devant les permanences de députés
- Intrusions dans les conseils départementaux et régionaux
Des mobilisations musclées qui illustrent le ras-le-bol d’une profession poussée à bout. Et qui ne compte pas en rester là si le pire scénario venait à se produire.
Si le gouvernement tombe, on n’aura plus rien à perdre. Ce sera un message clair envoyé aux politiques : sans nous, vous n’aurez plus rien dans vos assiettes !
Un agriculteur en colère
Une bombe à retardement
Au-delà des enjeux purement agricoles, c’est toute une partie de la France qui retient son souffle. Car personne n’a oublié les derniers grands mouvements paysans, du démantèlement du McDonald’s de Millau en 1999 aux « bonnets rouges » bretons de 2013 en passant par les « gilets jaunes » de 2018. À chaque fois, la colère des campagnes a servi de détonateur à une contestation bien plus large.
Alors que le pays traverse une passe difficile, entre inflation galopante et pouvoir d’achat en berne, la crise agricole pourrait bien être la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien rempli. Le gouvernement, lui, semble en avoir conscience. Mais aura-t-il les moyens d’éteindre l’incendie qui couve ? Rien n’est moins sûr… Une chose est certaine : les agriculteurs seront aux premières loges pour scruter les prochains soubresauts de la vie politique française. Avec l’angoisse de ceux qui ont tout à perdre.