Après avoir misé sur une dissolution de l’Assemblée nationale pour sortir de l’impasse politique, Emmanuel Macron se retrouve aujourd’hui face à un avenir des plus incertains. Le piège qu’il pensait tendre à ses opposants semble s’être refermé sur lui, le laissant dans une position délicate à mi-mandat. Quelles options s’offrent désormais au président de la République pour débloquer la situation ?
Un pari risqué qui n’a pas payé
En prononçant la dissolution de l’Assemblée nationale après la débâcle des élections européennes, Emmanuel Macron espérait sans doute rebattre les cartes et diviser un peu plus ses adversaires politiques. Mais force est de constater que le résultat n’est pas au rendez-vous. Non seulement le président ne dispose toujours pas d’une majorité claire au Parlement, mais sa légitimité et son autorité en sortent également affaiblies.
Il était présomptueux de croire que l’opération donnerait à Emmanuel Macron une nouvelle légitimité.
Yves Thréard, éditorialiste au Figaro
Dès lors, les interrogations sur l’avenir du quinquennat se multiplient. Le chef de l’État va-t-il réussir à composer un gouvernement en mesure d’obtenir la confiance des députés ? Ou bien va-t-il devoir se résoudre à gouverner avec une Assemblée hostile, quitte à recourir au 49.3 en permanence ?
L’hypothèse d’un mode de scrutin plus proportionnel
Parmi les scénarios envisagés pour sortir de l’ornière, certains évoquent la possibilité d’une réforme du mode de scrutin législatif. L’introduction d’une dose de proportionnelle permettrait en effet une meilleure représentation des différentes sensibilités politiques à l’Assemblée, et donc potentiellement de dégager des majorités de circonstance.
Mais cette option, défendue par certains partis, soulève aussi des questions. Un Parlement morcelé ne risque-t-il pas de compliquer encore davantage la prise de décision ? Et Emmanuel Macron est-il prêt à un tel changement de système, lui qui a bâti sa victoire de 2017 sur le mode de scrutin actuel ?
Une démission en dernier recours ?
Si aucune solution ne se dessine pour constituer une majorité stable et cohérente, certains observateurs n’excluent pas l’hypothèse d’une démission du président de la République. Ce serait évidemment un constat d’échec cinglant pour Emmanuel Macron, à peine deux ans après sa réélection.
Mais paradoxalement, ce scénario du pire pourrait aussi être une façon de rebattre les cartes en provoquant une nouvelle élection présidentielle. Reste que pour l’heure, cette option n’est pas sur la table à l’Élysée. “Le président a été élu pour 5 ans, il fera tout pour aller au bout”, assure son entourage.
Une rentrée sous haute tension
D’ici là, c’est donc dans un climat d’incertitude politique inédit sous la Ve République que va se dérouler la rentrée. Entre des oppositions revigorées par leur succès électoral et un exécutif fragilisé, les mois à venir s’annoncent agités dans l’hémicycle du Palais Bourbon.
Emmanuel Macron va devoir jouer serré s’il veut éviter l’enlisement et garder la main sur son quinquennat. La constitution d’un gouvernement d’ouverture ou de rassemblement national sera scrutée de près. Tout comme sa capacité à renouer le dialogue avec des forces politiques qui lui sont aujourd’hui largement hostiles.
Une chose est sûre : après avoir dynamité le paysage politique en 2017, puis tenté le coup de poker de la dissolution en 2023, le président de la République se retrouve dos au mur. De sa capacité à manœuvrer, malgré une marge de manœuvre réduite, dépendra la réussite ou l’échec de la deuxième partie de son mandat. Les prochains mois s’annoncent décisifs, et l’avenir plus que jamais en pointillé pour Emmanuel Macron.