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L’avenir de la voiture électrique suspendu aux réseaux électriques

Le développement de la voiture électrique est suspendu à la capacité des réseaux à absorber cette nouvelle demande. Mais les atermoiements politiques sur la fin des moteurs thermiques compliquent la planification...

L’essor de la voiture électrique est une pièce maîtresse de la transition énergétique. Mais son succès dépend d’un autre défi de taille : la capacité des réseaux électriques à alimenter ces millions de véhicules supplémentaires. Or les incertitudes politiques autour de la fin programmée des moteurs thermiques en Europe viennent compliquer la donne pour les gestionnaires de réseaux.

Un environnement politique mouvant qui pèse sur la planification

« Cet environnement politique instable n’est pas idéal pour la planification d’un système énergétique », résume Thomas Veyrenc, de RTE. L’entreprise, en charge du réseau de transport d’électricité français, doit en effet anticiper l’évolution de la demande pour calibrer et renforcer le réseau en conséquence. Mais difficile d’établir des prévisions fiables quand la date de fin des ventes de voitures essence et diesel est remise en question.

RTE travaille donc sur plusieurs scénarios. Son scénario de base table sur un parc de 18 millions de véhicules légers électriques en France en 2035, contre 40 millions de thermiques. Mais un report de l’interdiction des moteurs à combustion pourrait fortement modifier la donne. Il faudra alors revoir les investissements dans les réseaux en conséquence.

L’essor de l’électrique est inéluctable

Pour autant, la transition vers l’électrique semble difficilement réversible. Même avec un calendrier politique fluctuant, les constructeurs automobiles ont largement entamé leur virage électrique. Ils y sont poussés par les réglementations sur les émissions, mais aussi par une demande croissante des consommateurs.

Dès lors, les gestionnaires de réseaux doivent se préparer à une vague de véhicules électriques, quelle que soit la date exacte de fin des thermiques. Il faudra renforcer et adapter les lignes, installer des bornes de recharge partout sur le territoire, et surtout s’assurer que la production d’électricité suivra.

Vers un mix électrique décarboné et flexible

C’est là un autre défi : pour alimenter les véhicules électriques de manière propre, il faudra massivement développer les énergies renouvelables. Éolien, solaire, hydraulique devront prendre le relais des centrales fossiles. Tout en composant avec leur intermittence.

Des solutions de flexibilité devront être mises en place : stockage, pilotage de la recharge, véhicules connectés renvoyant l’électricité au réseau aux heures de pointe… L’intégration intelligente des voitures électriques au système énergétique sera clé. Elle doit être anticipée dès maintenant, malgré un cadre politique incertain.

Un dialogue renforcé entre décideurs et opérateurs

Dans ce contexte, un dialogue étroit entre pouvoirs publics, constructeurs et gestionnaires de réseaux semble indispensable. Pour donner de la visibilité sur les orientations politiques et réglementaires. Mais aussi pour partager les contraintes techniques et économiques de chacun.

L’enjeu est de taille : réussir la transition électrique des transports, pièce angulaire de la lutte contre le changement climatique. Cela passera par des réseaux dimensionnés, intelligents et alimentés par une électricité décarbonée. Un défi industriel et politique majeur pour les années à venir, qui se jouera dès maintenant dans les arbitrages et la planification.

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