Imaginez des pentes verdoyantes sillonnées de vététistes enthousiastes, des remontées mécaniques transportant randonneurs et vélos, le tout dans le majestueux décor des Alpes autrichiennes. Ce tableau est en passe de supplanter les paysages enneigés dans le cœur des vacanciers et l’économie des stations de montagne du pays. Une petite révolution pour l’Autriche, terre de ski par excellence. Mais avec le recul des glaciers et des saisons d’hiver plus courtes, il a bien fallu se réinventer. Et si ce nouveau modèle inspirait la France pour assurer l’avenir de ses massifs ?
Le VTT, nouvelle locomotive des Alpes autrichiennes
Depuis la pandémie, le tourisme estival génère plus de revenus que le ski en Autriche. En 2022, il représentait 15 des 29,5 milliards d’euros de recettes touristiques annuelles. Le vélo, et surtout le VTT, sont le moteur de ce boom.
Les ventes explosent avec plus de 500 000 vélos écoulés l’an dernier, dont près de la moitié de VTT. Les stations s’adaptent, à l’image de Leogang qui a converti ses remontées et propose 90 km de pistes dédiées. Des contrats sont signés avec les propriétaires terriens pour ouvrir de nouveaux circuits.
Un “plan vélo” national pour accélérer la transition
Face à cet engouement, le gouvernement autrichien a lancé début 2023 un “plan vélo” visant à aider les stations à étoffer leurs infrastructures. Car si l’offre se développe, elle reste sous-dimensionnée par rapport à une demande croissante.
Avec le changement climatique et des saisons de ski plus courtes, les professionnels doivent repenser leurs activités et s’emparer des nouvelles tendances.
Martin Schnitzer, économiste du sport
La cohabitation entre vététistes et randonneurs peut aussi s’avérer délicate, tout comme avec les chasseurs. Le gouvernement en a fait sa priorité pour assurer un développement harmonieux de ces activités, essentielles pour prendre le relais d’un ski en déclin.
Des stations françaises déjà dans la roue de l’Autriche
Certaines stations françaises ont déjà pris le virage du vélo estival, à l’instar des 2 Alpes, de Valloire ou des Saisies. Avec son bike park parmi les plus vastes d’Europe, Les Gets est devenu une référence. Mais ces initiatives restent isolées et ne s’inscrivent pas encore dans une stratégie nationale comme en Autriche.
Pourtant, avec le réchauffement qui menace l’or blanc, miser sur l’été apparaît vital. Cela implique de repenser l’offre, former les personnels, adapter l’hébergement et les services. Un vrai défi, mais aussi une opportunité de désaisonnaliser la fréquentation et les emplois.
Changer de modèle, une nécessité plus qu’un choix
Au delà du vélo, l’Autriche mise aussi sur la randonnée, toujours plus populaire. Des investissements sont prévus pour baliser et sécuriser les itinéraires, mais aussi valoriser le patrimoine et développer des concepts comme le “slow tourisme”.
Un virage qui semble incontournable face à la raréfaction de la neige en moyenne montagne. Si l’Autriche montre la voie, la France a tout intérêt à pédaler dans son sillage pour préserver l’avenir de ses massifs. Les premières stations à s’y engager pourraient prendre une longueur d’avance. Pour le reste, il y a urgence à changer de braquet.