Dans une décision qui suscite la polémique, l’Autorité palestinienne a annoncé mercredi la suspension des activités et de la diffusion de la chaîne qatarie Al Jazeera dans les territoires palestiniens. Cette mesure sans précédent intervient suite à des accusations de désinformation et d’ingérence dans les affaires internes palestiniennes portées à l’encontre du média.
Al Jazeera dans la tourmente en Palestine
Selon l’agence de presse officielle Wafa, un comité ministériel composé des ministères de la Culture, de l’Intérieur et des Communications a pris la décision de geler toutes les activités d’Al Jazeera et de son bureau en Palestine, ainsi que de suspendre temporairement le travail de tous les journalistes et employés affiliés à la chaîne, jusqu’à ce que son statut juridique soit rectifié.
L’Autorité palestinienne justifie cette suspension par ce qu’elle qualifie d’« insistance d’Al Jazeera à diffuser des contenus et reportages caractérisés par de la désinformation, de l’incitation à la sédition et de l’ingérence dans les affaires internes palestiniennes ». Une accusation que la chaîne qatarie réfute avec véhémence.
Notification officielle de suspension
Un employé d’Al Jazeera en Cisjordanie occupée a confirmé à l’AFP que le bureau de la chaîne à Ramallah avait reçu mercredi une notification officielle de suspension. Al Jazeera a diffusé des images montrant des policiers de l’Autorité palestinienne remettant à ses journalistes à Ramallah un document judiciaire daté du 1er janvier 2025.
Cette décision de l’Autorité palestinienne intervient dans un contexte de tensions accrues avec la chaîne qatarie. La semaine dernière, Al Jazeera avait dénoncé une « campagne » menée à son encontre par le Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, en Cisjordanie occupée, suite à sa couverture des affrontements entre les forces de sécurité et des factions armées à Jénine.
Déjà bannie en Israël
Ce n’est pas la première fois qu’Al Jazeera fait face à des restrictions dans la région. En mai dernier, Israël avait déjà décidé d’interdire la diffusion de la chaîne dans le pays et d’y fermer ses bureaux, l’accusant d’être affiliée au Hamas et de propager de la désinformation pendant la guerre à Gaza.
Cette nouvelle suspension par l’Autorité palestinienne soulève des inquiétudes quant à l’état de la liberté de la presse dans les territoires palestiniens. Des organisations de défense des droits humains et de la liberté d’expression ont appelé l’Autorité palestinienne à revenir sur sa décision.
Le Hamas condamne la suspension
Le Hamas, grand rival du Fatah qui contrôle la bande de Gaza, a vivement condamné la suspension d’Al Jazeera, la qualifiant de « violation flagrante de la liberté de la presse » et d’« acte répressif destiné à faire taire les voix dissonantes ». Le mouvement a appelé l’Autorité palestinienne à revenir immédiatement sur sa décision.
Cette décision s’inscrit dans la lignée d’une récente série de mesures arbitraires prises par l’Autorité pour entraver les droits et libertés publics, et renforcer son emprise sécuritaire sur le peuple palestinien.
– Communiqué du Hamas
Face à ces accusations, Al Jazeera affirme que sa couverture des événements en Palestine est impartiale et objective. La chaîne déplore cette tentative de museler la presse et appelle la communauté internationale à condamner cette atteinte à la liberté d’expression.
Cette suspension d’Al Jazeera par l’Autorité palestinienne risque d’aggraver les tensions déjà vives entre les différentes factions palestiniennes et de porter un nouveau coup à la liberté de la presse dans les territoires. Reste à voir si l’Autorité reviendra sur sa décision face aux pressions internes et internationales, ou si elle maintiendra cette suspension controversée, avec toutes les conséquences que cela implique pour le paysage médiatique palestinien.