En cette période charnière pour l’avenir de la bande de Gaza, l’Autorité palestinienne affirme avec force son rôle central. Suite à l’annonce mercredi d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas mettant fin à plus de 15 mois d’une guerre dévastatrice, le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré vendredi que son gouvernement était fin prêt à assumer l’entière responsabilité de ce territoire meurtri.
Cette prise de position intervient alors que le Hamas, vainqueur des dernières élections législatives palestiniennes en 2006 et maître de Gaza depuis 2007, avait lui-même indiqué au début du conflit ne plus souhaiter gouverner la bande côtière une fois les armes déposées. Des sources internes au mouvement islamiste ont confirmé à l’AFP être disposées à transférer les affaires civiles de Gaza à une entité palestinienne.
Un chemin semé d’embûches vers la reconstruction
Cependant, la route s’annonce longue et parsemée d’obstacles avant que l’Autorité palestinienne puisse effectivement reprendre les rênes de Gaza. Selon un communiqué de la présidence, les préparatifs seraient achevés pour gérer des dossiers aussi cruciaux que le retour des déplacés, la fourniture de services essentiels, le contrôle des points de passage et l’immense chantier de la reconstruction après les terribles dommages causés par la guerre.
Mais le cabinet du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, un des plus à droite de l’histoire du pays, ne cache pas sa ferme opposition à un retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, même s’il a fait de la destruction du Hamas un de ses principaux objectifs. Cette posture intransigeante risque de compliquer sérieusement la mise en œuvre concrète de la passation de pouvoirs.
Le soutien américain, une aide précieuse mais insuffisante
Du côté de Washington, le secrétaire d’État Antony Blinken a estimé la semaine dernière que l’Autorité palestinienne, qui exerce déjà une autorité administrative partielle en Cisjordanie occupée, devrait à l’avenir reprendre le contrôle de Gaza. Il a suggéré dans un premier temps l’envoi d’une force internationale de sécurité, avant un placement du territoire sous la responsabilité de l’ONU au terme de la guerre avec le Hamas.
Si ce soutien américain représente incontestablement un atout de poids pour l’Autorité palestinienne, il ne saurait à lui seul aplanir toutes les difficultés. Car les dirigeants palestiniens, toutes factions confondues, tiennent à rappeler que c’est à eux et à eux seuls de décider de l’avenir de Gaza, rejetant toute ingérence extérieure dans ce processus délicat.
Vers une approbation en demi-teinte côté israélien
Réuni vendredi soir, le gouvernement israélien doit encore avaliser formellement l’accord sur Gaza, après le feu vert initial donné par le cabinet de sécurité en début de journée. Mais au vu des déclarations des uns et des autres, il y a fort à parier que cette approbation se fera du bout des lèvres, sans réel enthousiasme ni coopération active.
En définitive, si la volonté affichée par l’Autorité palestinienne de reprendre en main les destinées de Gaza est un signal fort et positif, sa concrétisation sur le terrain s’annonce semée d’embûches. Entre tensions persistantes avec Israël, rapports de force internes complexes et enjeux de reconstruction titanesques, le chemin vers une paix durable et une autonomie retrouvée risque d’être encore long et chaotique pour les Gazaouis.
