Face à l’impasse politique qui paralyse les institutions françaises depuis plusieurs semaines, les idées les plus inattendues émergent pour tenter de sortir du blocage. Le député Stéphane Vojetta lance ainsi un pavé dans la mare en suggérant une solution pour le moins radicale : l’«autodissolution» de l’Assemblée nationale.
Un scénario de dissolution collective des députés
Concrètement, le député des Français de l’étranger, apparenté au groupe macroniste, propose ni plus ni moins que la démission simultanée des 577 députés qui composent l’Assemblée nationale. Un scénario qui ouvrirait la voie à l’organisation d’élections législatives partielles dans l’ensemble des circonscriptions.
Cette option d’«autodissolution» permettrait de contourner l’impossibilité pour Emmanuel Macron de dissoudre une nouvelle fois l’Assemblée avant le mois de juin 2025, suite au déclenchement de l’article 12 de la Constitution au lendemain des élections législatives de juin dernier.
Des élections partielles pour recomposer l’Assemblée
En démissionnant collectivement le 1er janvier, les députés « retourneraient devant les électeurs » à l’occasion d’élections législatives partielles organisées simultanément dans toutes les circonscriptions, fait valoir Stéphane Vojetta. De quoi renouveler totalement la composition de l’Assemblée nationale.
Cette hypothèse d’autodissolution fait écho aux appels répétés de certains élus d’opposition en faveur d’une dissolution, dans l’espoir qu’un nouveau scrutin permette de dégager une majorité plus nette à l’Assemblée nationale. Les élections de juin avaient en effet débouché sur un Parlement morcelé, sans majorité absolue, rendant la situation difficilement gérable pour l’exécutif.
Une hypothèse peu réaliste politiquement
Si elle a le mérite d’exister, la proposition de Stéphane Vojetta apparaît cependant peu crédible sur le plan politique. Difficile en effet d’imaginer que les députés, tout juste élus ou réélus il y a quelques mois, acceptent de remettre aussi rapidement leur mandat en jeu.
On voit mal comment une telle initiative pourrait aboutir, tant les inimitiés politiques sont fortes entre les différents groupes parlementaires.
Un expert politique
Au sein même de la majorité présidentielle, sensée être la première intéressée par ce scénario, les soutiens s’annoncent plus que timides. Selon des sources concordantes, plusieurs ténors de Renaissance jugeraient l’idée d’autodissolution « complètement irréaliste » et « vouée à l’échec ».
L’exécutif en quête d’autres solutions
Du côté de l’Élysée et de Matignon, on semble également très réservé, préférant explorer d’autres pistes pour tenter de résoudre la crise politique et institutionnelle qui s’enlise depuis plusieurs semaines.
Malgré la chute du gouvernement Barnier, suite à l’adoption d’une motion de censure inédite sous la Ve République, Emmanuel Macron s’efforce de trouver la personnalité providentielle capable d’obtenir la confiance des députés sans risquer un nouveau renversement.
La piste d’un gouvernement d’union nationale, voire d’un exécutif resserré composé de techniciens et d’experts, est notamment à l’étude pour redonner une impulsion dans cette période troublée. Reste à trouver les femmes et les hommes prêts à se lancer dans une telle aventure, sans certitude sur l’issue…
Des députés plus que jamais sous pression
En attendant, c’est une rentrée sous haute tension qui s’annonce pour les députés, plus que jamais sommés d’agir par une opinion publique excédée par ces blocages à répétition. Signe de cette impatience, un récent sondage révèle qu’une large majorité de Français juge « préoccupante » la situation politique actuelle.
Faute d’une reprise en main rapide, la défiance envers les élus risque de se renforcer davantage, certains n’excluant plus l’hypothèse de nouvelles démonstrations de colère dans la rue. Un climat social de plus en plus électrique qui devrait pousser les parlementaires à assumer pleinement leurs responsabilités dans les semaines à venir.
Que ce soit via une démission collective aux airs de coup de poker ou par des moyens plus conventionnels, l’heure n’est plus aux tergiversations mais aux décisions courageuses pour sortir le pays de l’ornière. L’avenir dira si nos élus sont capables de se hisser à la hauteur des enjeux.