30 ans après le génocide, le Rwanda de Paul Kagame fascine autant qu’il inquiète. Derrière le vernis du miracle économique, une enquête exclusive lève le voile sur la face sombre du régime. Surveillance généralisée, répression féroce des opposants, ingérence meurtrière en RDC… Jusqu’où ira l’homme fort de Kigali pour asseoir son pouvoir ?
Le prix caché de la success story rwandaise
Depuis la fin du génocide en 1994, le Rwanda a connu un développement fulgurant sous la houlette de Paul Kagame. Croissance à deux chiffres, bond de l’IDH, bond technologique… Les superlatifs ne manquent pas pour décrire le « miracle rwandais ». Mais cette success story a un prix, comme le révèle une investigation internationale coordonnée par Forbidden Stories.
Le Rwanda surveille et traque toutes les voix dissidentes, y compris à l’étranger, notamment grâce à des logiciels espions.
– Forbidden Stories
Un pays sous surveillance
Loin de l’image de bon élève africain, le Rwanda s’avère être un État policier qui contrôle étroitement sa population. Logiciels espions, infiltrations, intimidations… L’opposition, les médias et la société civile sont dans le collimateur du régime.
- Près de 3500 téléphones ciblés par le logiciel espion Pegasus entre 2016 et 2022
- Une vingtaine d’opposants assassinés ou portés disparus ces 10 dernières années
Silence, on tue en RDC
Le rôle trouble du Rwanda dans l’est de la RDC pose également question. Kigali est accusé de soutenir activement le groupe rebelle M23, responsable d’exactions massives contre les populations civiles. Un soutien qui déstabilise durablement la région au prix de milliers de morts et déplacés.
Le M23 est rwandais, point à la ligne. Ce que le Rwanda fait en RDC est innommable, c’est un génocide qui ne dit pas son nom.
– Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix
Quand l’Occident ferme les yeux
Malgré ces dérives répétées, Paul Kagame conserve de solides soutiens en Occident. Le Rwanda est devenu un partenaire stratégique incontournable, que ce soit pour les missions de l’ONU ou la lutte anti-terroriste au Sahel. Un positionnement habile qui pousse les chancelleries occidentales à minimiser les atteintes aux droits humains.
Alors que Paul Kagame s’apprête à briguer un 4e mandat lors de la présidentielle d’août 2024, l’heure des comptes a sonné. Jusqu’où la communauté internationale laissera-t-elle l’autocrate de Kigali bafouer les valeurs qu’elle prétend défendre ? Le miracle rwandais ne doit pas devenir le chèque en blanc d’un régime prêt à tout pour museler ses opposants.
