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L’Australie octroie 114 millions de dollars pour former la police des Salomon

L'Australie débloque 114 millions de dollars pour former et équiper la police des Iles Salomon. Une riposte à l'influence grandissante de la Chine qui cherche aussi à se rapprocher de ce petit archipel du Pacifique. Mais derrière ces accords se jouent de véritables...

Nouvel épisode dans la lutte d’influence que se livrent l’Australie et la Chine dans le Pacifique. Le gouvernement australien a annoncé vendredi un accord de financement et de formation des forces de police des Iles Salomon, petit archipel à l’est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Une enveloppe conséquente de 114 millions de dollars sur 4 ans qui vise clairement à contrer le rapprochement opéré ces dernières années entre Honiara, la capitale salomonaise, et Pékin.

L’Australie veut rester « le partenaire de choix en matière de sécurité »

L’accord prévoit un financement de 190 millions de dollars australiens (environ 114 millions de dollars américains) sur une période de quatre ans. Au programme : aide à la formation, modernisation des infrastructures avec notamment la construction d’un centre d’entraînement dédié aux forces de l’ordre à Honiara.

L’objectif affiché par le Premier ministre australien Anthony Albanese est clair. Il s’agit de « garantir que l’Australie reste le partenaire de choix en matière de sécurité » pour les Iles Salomon, ancienne colonie britannique qui a accédé à l’indépendance en 1978. Un statut que l’Australie s’efforce de conserver alors que la Chine ne cesse d’étendre son influence dans la région.

Les liens étroits entre les Iles Salomon et la Chine

Signe de cette compétition âpre, le même jour, la police salomonaise a indiqué avoir reçu un don d’environ 18 000 dollars de la part de l’ambassade de Chine pour abonder son fonds de soutien. Un geste qui témoigne de la « relation authentique entre la Chine et les Iles Salomon » selon un haut responsable policier local.

Il faut dire que l’archipel a opéré un virage diplomatique majeur en 2019 en rompant ses relations avec Taïwan au profit de Pékin. Trois ans plus tard, un pacte de sécurité, gardé secret un temps, était signé entre les deux pays, suscitant l’inquiétude des puissances occidentales.

Une présence policière chinoise visible aux Salomon

Même si elle reste modeste, la présence policière chinoise est désormais bien visible aux Iles Salomon. Pékin y envoie régulièrement des officiers pour former les quelque 1500 agents locaux aux techniques de tir et de maintien de l’ordre. Un soutien qui s’est avéré précieux lors des émeutes qui ont secoué le pays en novembre 2021, faisant 3 morts.

Face à ces troubles, les autorités salomonaises souhaitent muscler leurs effectifs policiers pour les porter à 3000 d’ici 10 ans, avec l’aide de l’Australie. Mais pour nombre d’experts, au-delà de la sécurité, ce sont de véritables enjeux géostratégiques qui se jouent dans le Pacifique.

Respecter la souveraineté des nations insulaires

Interrogée sur l’accord entre l’Australie et les Salomon, la Chine a tenu à rappeler qu’aucun pays ne devait considérer les États insulaires comme son « arrière-cour ». « Il faut chercher à coordonner les efforts et engager des coopérations » a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise, appelant à respecter « l’indépendance et l’intégrité souveraine » de ces nations.

Malgré cette aide financière conséquente, les experts doutent que cela suffise à garantir une relation exclusive entre l’Australie et les Iles Salomon. Contrairement à d’autres accords récemment signés dans la région, celui-ci n’engagerait pas l’archipel à limiter ses liens avec la Chine. La compétition pour l’influence dans le Pacifique est plus que jamais ouverte.

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