Face à la déferlante des réseaux sociaux et leur impact délétère sur la santé mentale des adolescents, l’Australie a décidé d’agir. Le pays a adopté une loi pionnière interdisant purement et simplement l’accès aux principales plateformes comme TikTok, Instagram ou Facebook aux moins de 16 ans. Une mesure radicale saluée par de nombreux parents confrontés à la détresse de leurs enfants happés par ces écosystèmes addictifs.
Gaëlle, mère d’une ado française de 15 ans ayant sombré dans l’anorexie et les pensées suicidaires, applaudit l’initiative australienne. Son calvaire est emblématique des ravages provoqués par une consommation excessive et non régulée des réseaux sociaux chez les plus jeunes. Exposition à des contenus toxiques, pression sociale exacerbée, comparaison permanente, les mécanismes pernicieux sont légion.
Un fléau mondial qui appelle une réponse forte
Le problème est planétaire. Selon l’OMS, plus de 80% des 11 ans en Europe, Asie centrale et au Canada sont présents sur les réseaux. Et les dérives se multiplient avec des symptômes proches de l’addiction selon l’organisation. Face à ce constat alarmant, plusieurs pays envisagent d’emboîter le pas de l’Australie en légiférant sur un âge minimal d’accès :
- La Norvège a fixé ce seuil à 13 ans
- L’Espagne étudie un projet de loi avec une limite à 16 ans
- La France a instauré une « majorité numérique » à 15 ans, sans décret d’application pour l’heure
Mais au-delà de l’âge légal, c’est la question du contrôle de son application effective qui se pose. Comment s’assurer que les plus jeunes ne contournent pas l’interdiction ? Un casse-tête pour les législateurs mais aussi pour les plateformes sommées de mettre en place des garde-fous.
Des témoignages glaçants de parents d’ados en souffrance
En attendant des solutions concrètes, le mal est fait pour de nombreuses familles. Comme celle de Morgane dont la fille de 17 ans a multiplié les séjours en hôpital psychiatrique. En cause selon elle, les contenus mortifères auxquels elle a été exposée sur TikTok :
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Ma fille, 17 ans, ancienne utilisatrice TikTok
Un cercle vicieux nourri par les algorithmes prédateurs de la plateforme au détriment de la santé de ses jeunes utilisateurs. Avec d’autres parents, Morgane a décidé d’attaquer TikTok en justice pour faire reconnaître sa responsabilité dans la descente aux enfers de leurs enfants.
Harcèlement et chantage amplifiés en ligne
Autre fléau alimenté par les réseaux sociaux : le cyberharcèlement. Selon l’association e-Enfance, 72% des appels reçus en 2023 par le numéro dédié 3018 concernaient du chantage à la vidéo ou à la photo intime. Des pressions souvent facilitées par les prises de contact en ligne.
Une utilisation intensive des réseaux n’est pas non plus sans conséquence sur la santé. Pour la psychologue Sabine Duflo, au-delà de 15h par jour, les effets sont délétères :
Cela impacte le sommeil, la concentration, l’humeur, l’apprentissage. À l’adolescence, cette addiction constitue un facteur de fragilité supplémentaire.
Sabine Duflo, psychologue
Une prise de conscience politique et sociétale à accélérer
S’il ne fait pas l’unanimité, le choix australien d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans a le mérite de poser le débat. Il souligne aussi l’urgence d’une meilleure éducation au numérique dès le plus jeune âge ainsi que d’un encadrement renforcé des plateformes. Car au-delà de l’âge, c’est bien la question de leur éthique et de leur responsabilité qui est posée.
Certains appellent à l’émergence de réseaux sociaux plus vertueux, centrés sur la protection des plus vulnérables. Des initiatives existent mais peinent à s’imposer face aux géants du secteur. La mobilisation des pouvoirs publics, des acteurs éducatifs et de la société civile sera essentielle pour infléchir la tendance. L’avenir de toute une génération en dépend.