Au lendemain des élections législatives anticipées, qui auraient pu affaiblir lourdement Les Républicains, un homme semble déterminé à prendre les choses en main pour reconstruire la droite française : Laurent Wauquiez. Tout juste réélu député de Haute-Loire, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes multiplie les appels et les consultations au sein de son camp, avec un objectif clair en tête : reprendre le contrôle d’une famille politique en plein désarroi et s’imposer comme son chef de file naturel pour la prochaine échéance présidentielle.
Un timing stratégique
Sitôt les résultats des législatives connus dimanche soir, Laurent Wauquiez s’est empressé de décrocher son téléphone pour sonder les troupes. L’élu quadragénaire, qui avait déjà présidé le parti de 2017 à 2019, semble considérer que le moment est venu de reprendre les rênes des Républicains, alors que de nombreuses voix s’interrogent en interne sur la ligne à tenir face à la nouvelle donne politique.
En position de force grâce à son ancrage local et son statut de poids lourd régional, Wauquiez entend bien profiter de la fenêtre de tir offerte par ce nouveau quinquennat qui s’ouvre sous une Assemblée sans majorité absolue. Et alors que les grandes manœuvres sont lancées en coulisses pour former un hypothétique gouvernement « central » autour d’Emmanuel Macron, lui plaide résolument pour une opposition de droite autonome et indépendante.
Marquer son territoire
En multipliant les appels aux cadres du parti et aux élus locaux depuis sa réélection, Wauquiez cherche clairement à marquer son territoire et à se positionner comme l’homme à même de relever le défi de la reconstruction. A 47 ans, celui qui rêve sans détour de l’Elysée cible les bonnes volontés prêtes à le suivre et pose ses marqueurs idéologiques :
- La défense d’une droite assurée de ses valeurs, libérale sur le plan économique et ferme sur le régalien
- Le rejet de toute forme de compromission avec la macronie
- L’affirmation d’une ligne clairement à droite face au Rassemblement national
Il veut prendre la présidence du parti
Un député LR
Un pari risqué ?
Pour autant, la démarche de Laurent Wauquiez ne fait pas l’unanimité au sein d’une droite traumatisée par ses revers successifs. Certains, à l’instar de son ancien rival Valérie Pécresse, plaident plutôt pour un aggiornamento idéologique et une refondation en profondeur du parti. D’autres voient d’un mauvais œil le retour en force d’un homme à la réputation clivante, dont l’image reste écornée par son passage chaotique à la tête de LR.
Mais Wauquiez semble prêt à prendre le risque de brusquer son camp. Profitant du champ libre laissé par le départ des ténors historiques et porté par sa large victoire dans son fief, il semble plus que jamais décidé à incarner le renouveau d’une droite en quête de boussole. Avec en ligne de mire, déjà, la présidentielle de 2027.
La présidentielle en point de mire
Car au-delà de la survie des Républicains, c’est bien la prochaine course à l’Elysée qui motive Laurent Wauquiez. Déjà candidat putatif, il sait que sa crédibilité dépendra largement de sa capacité à redresser un parti à terre et à l’imposer comme première force d’opposition. Un défi immense, alors que LR a touché le fond et que le paysage politique n’a jamais été aussi éclaté.
Mais l’ambitieux Auvergnat semble prêt à relever le gant, convaincu que la droite a encore un avenir et un espace politique à reconquérir. En prenant les rênes du parti dès maintenant, quitte à bousculer un peu son monde, il espère prendre une longueur d’avance sur ses rivaux potentiels et installer sa candidature dans le paysage. Un pari osé, à hauts risques mais à la hauteur de ses ambitions élyséennes.
Les prochains mois s’annoncent donc décisifs pour Wauquiez et Les Républicains. S’il parvient à reprendre le contrôle du parti sans le faire exploser et à imposer sa ligne, il aura fait un grand pas vers 2027. Mais gare aux embûches et aux résistances internes sur le chemin escarpé de la reconquête, dans un parti miné par les ego et les divergences stratégiques. L’ancien maire du Puy-en-Velay a un an et demi environ pour faire ses preuves et asseoir son leadership, avant que la course à la présidentielle n’accapare tous les esprits. Réussira-t-il son pari ? L’avenir de la droite française en dépend largement.