Dans la ville côtière de Lattaquié, berceau de la famille Assad, une page se tourne. Depuis la chute du régime le 8 décembre, le nouveau gouvernement de transition appelle soldats et policiers à se faire connaître pour régulariser leur situation. Une étape clé vers la pacification du pays après des années de conflit.
Des milliers d’hommes attendus
Dès l’ouverture des bureaux d’enregistrement, les files d’attente s’allongent. Selon une source locale, 400 hommes se sont présentés dès le premier jour. Mais les responsables en attendent bien plus dans cette région, fief de la communauté alaouite dont est issue la famille Assad.
Au total, on attend au moins 10 000 personnes, peut-être plus, vingt, trente mille.
Un responsable du centre d’enregistrement
La procédure se veut rassurante. Après vérification de leur identité, les hommes reçoivent un permis provisoire de trois mois, le temps de mener l’enquête sur leur passé. Seuls ceux ayant commis des crimes graves seront déférés à la justice.
Rendre les armes pour passer à autre chose
A l’arrière du bâtiment, c’est le ballet des armes rendues. Pistolets, fusils automatiques, grenades, munitions et même un lance-roquette s’entassent sous l’œil vigilant des nouvelles autorités. Pour beaucoup, c’est le soulagement de tourner enfin la page.
Moi j’aime pas l’armée, je veux reprendre le fil de ma vie sans personne pour me donner des ordres.
Kamal Merhej, 28 ans, dont 9 dans l’armée à Damas
Comme lui, ils sont nombreux à aspirer à une vie civile normale après des années sous les drapeaux. Certains espèrent retrouver leur ancien poste, d’autres reprendre des études interrompues. Tous expriment leur lassitude de la guerre et leur soif de paix.
On est fatigués de la guerre. On veut vivre dans un pays pacifié, civilisé. On a besoin de sécurité, seulement de sécurité.
Un jeune homme de la minorité alaouite
Un premier pas vers la reconstruction
Cette démilitarisation progressive est un signal fort envoyé par les nouvelles autorités. En permettant aux hommes de retrouver une vie normale, elles espèrent apaiser les tensions et poser les bases d’une réconciliation nationale.
Mais la route est encore longue. Après des années de guerre, le pays est à reconstruire, tant sur le plan matériel que dans les esprits. Cette opération à Lattaquié n’est qu’une première étape, mais elle suscite un immense espoir. Celui d’une Syrie qui se relève enfin, unie et en paix.