Une vague d’explosions simultanées a secoué le Liban mardi, visant spécifiquement les bipeurs utilisés par les membres du Hezbollah. Ce mouvement chiite pro-iranien a immédiatement accusé Israël d’être responsable de cette attaque d’un nouveau genre, qui a fait au moins 9 morts et près de 2800 blessés à travers le pays. Le Hezbollah promet de poursuivre son combat malgré tout, dans un contexte de fortes tensions régionales.
Une attaque sans précédent visant les bipeurs du Hezbollah
Mardi après-midi, aux alentours de 15h30, ce sont des milliers de bipeurs qui ont explosé de manière synchronisée partout au Liban. Ces petits appareils de communication, très populaires dans les années 90 avant l’avènement des téléphones portables, sont encore largement utilisés par le Hezbollah. Selon un responsable du mouvement cité par l’AFP, les bipeurs visés faisaient partie d’une cargaison de près de 3000 unités récemment importée de Taïwan.
Le bilan est lourd : au moins 9 morts et 2800 blessés, pour la plupart des membres du Hezbollah touchés par des éclats lors de l’explosion de leur bipeur. Une attaque d’une ampleur inédite, qui démontre selon les experts une capacité de frappe chirurgicale et la maîtrise de renseignements très précis sur la logistique de la milice chiite.
Israël pointé du doigt, sur fond de menace de guerre
Le Hezbollah n’a pas tardé à désigner le responsable de cette attaque : Israël, son ennemi juré. Selon des sources concordantes citées par le New York Times, les services secrets israéliens seraient parvenus à introduire des charges explosives miniatures dans les bipeurs lors de leur acheminement de Taïwan vers le Liban, avant de les déclencher à distance. Interrogé par l’AFP, le fabricant taïwanais Gold Apollo affirme n’avoir aucun lien avec les appareils incriminés.
Cette opération intervient alors que les menaces d’une entrée en guerre d’Israël contre le Hezbollah se font de plus en plus explicites. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou reproche au mouvement chiite son soutien militaire aux groupes palestiniens de la bande de Gaza, théâtre de combats depuis plus d’un an. Malgré le coup dur des explosions de mardi, le Hezbollah promet de poursuivre “ses opérations de soutien à Gaza”, quitte à provoquer une déflagration régionale.
Vaine tentative américaine de désamorcer les tensions
Dans ce contexte de vive tension, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a effectué mercredi une visite éclair au Caire pour tenter d’arracher un cessez-le-feu, en vain. Washington multiplie les efforts diplomatiques à l’approche de l’élection présidentielle de novembre, craignant qu’un embrasement ne vienne compliquer la fin de mandat de Joe Biden. Mais sur le terrain, la logique de l’escalade semble l’emporter.
Avec plus de 300 000 réservistes mobilisés côté israélien et des tirs de roquettes quotidiens sur son territoire, le spectre d’une nouvelle guerre du Liban, après celle dévastatrice de 2006, n’a jamais été aussi présent. L’attaque high-tech contre les bipeurs du Hezbollah illustre la montée aux extrêmes, avec le risque d’un engrenage incontrôlable. Près de deux décennies après la “guerre des 33 jours”, la poudrière libano-israélienne pourrait à nouveau s’embraser.