La France vit un moment politique historique. Près d’un mois après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, les Français s’apprêtent à élire leurs nouveaux députés lors du second tour des législatives ce dimanche. Une élection sous haute tension qui pourrait bien redistribuer les cartes du jeu politique pour les années à venir.
Un premier tour déjà riche en enseignements
Le premier tour du scrutin, qui s’est tenu dimanche dernier, a réservé son lot de surprises. Le camp présidentiel est arrivé en tête, mais talonnée par la coalition de gauche NUPES et le Rassemblement National qui réalise une percée inédite. Avec plus de 200 triangulaires en perspective, les alliances et reports de voix s’annoncent déterminants. Les macronistes et la NUPES ont ainsi procédé à des désistements réciproques pour tenter de faire barrage à l’extrême-droite.
Vers un hémicycle divisé en trois blocs ?
Si les projections se confirment, l’Assemblée nationale pourrait se retrouver scindée en trois forces principales :
- La majorité présidentielle, qui devrait conserver entre 255 et 295 sièges
- La NUPES, qui pourrait dépasser les 150 députés
- Le Rassemblement National qui obtiendrait entre 50 et 90 élus
Dans ce scénario, aucun camp ne disposerait de la majorité absolue (289 sièges), rendant le travail législatif complexe. Le gouvernement devra composer et nouer des alliances au cas par cas pour faire adopter ses textes. Un véritable casse-tête en perspective.
Des conséquences sur le quinquennat Macron
Ces élections législatives post-dissolution étaient un pari risqué pour Emmanuel Macron. Si sa majorité est trop affaiblie, elle pourrait entraver son action pour les 4 ans à venir. Des réformes phares comme celle des retraites seraient compromises. Le président serait contraint de gouverner avec une “majorité relative”, un exercice périlleux.
Le quinquennat sera celui du compromis, des négociations permanentes texte par texte. Une situation inédite sous la Ve République.
– Un député LREM
Quels scénarios pour un gouvernement ?
Tout dépendra du rapport de force issu des urnes dimanche soir. Si la majorité présidentielle est trop courte, plusieurs options sont sur la table :
- Un gouvernement d’union nationale, rassemblant des ministres de différents bords. Mais les oppositions y sont hostiles.
- Un gouvernement minoritaire, qui devra négocier des majorités de circonstance. Un exercice d’équilibriste.
- De nouvelles élections anticipées en cas de blocage, au risque de lasser les Français.
Seule certitude, le nouveau visage de l’Assemblée nationale obligera l’exécutif à revoir sa façon de gouverner. Place au dialogue, à la recherche de consensus, loin de l’hyperprésidence des débuts. Un virage qui sera scruté de près par les partenaires européens, inquiets d’une France paralysée.
L’avenir du front républicain en question
Ces législatives mettent aussi à l’épreuve la résistance du front républicain face à la montée des extrêmes. Malgré les appels de la majorité et de la NUPES, des triangulaires se profilent dans plus de 50 circonscriptions, avec le risque de faire élire des candidats RN. Un scénario qui fragiliserait un peu plus le barrage contre l’extrême-droite, déjà bien entamé à la présidentielle.
Au final, ces élections législatives s’annoncent comme un tournant majeur du quinquennat, voire de l’histoire politique récente. Entre crise de la représentativité, recomposition des forces et montée des populismes, elles incarnent les profondes mutations qui traversent la société française. Réponse dimanche soir, sous haute tension.