En ce jeudi matin, les regards sont braqués sur l’Assemblée Nationale. Dans un hémicycle profondément fragmenté suite aux dernières élections législatives, les députés s’apprêtent à désigner celui ou celle qui présidera leurs travaux pour les années à venir. Un poste stratégique, qui pourrait donner un premier aperçu des futures alliances parlementaires.
Un hémicycle fracturé, des alliances incertaines
Avec une Assemblée Nationale divisée en trois blocs, sans majorité claire, l’élection du président s’annonce particulièrement incertaine. Les tractations vont bon train dans les couloirs du Palais Bourbon, chaque groupe cherchant à faire basculer le vote en sa faveur.
La coalition de gauche, arrivée en tête lors des législatives, espère bien placer l’un des siens au perchoir. Mais encore faut-il s’entendre sur un nom. Après de longues discussions, c’est finalement le communiste André Chassaigne qui a été choisi pour porter les couleurs de la gauche unie.
André Chassaigne dispose d’un profil consensuel. Il est respecté et pourrait rassembler au-delà du Nouveau Front populaire.
Un député écologiste
Mais le chemin est encore long jusqu’au perchoir. Car en face, la majorité présidentielle ne compte pas se laisser faire. Menée par l’actuelle présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, qui brigue un second mandat, elle doit toutefois composer avec une candidature dissidente, celle de la députée Horizons Naïma Moutchou.
Le pari risqué des “constructifs”
Au milieu de ces blocs, certains tentent un pari audacieux : celui du rassemblement au centre. C’est le cas notamment du centriste Charles de Courson, forte personnalité de l’Assemblée, qui rêve de rassembler sur son nom les voix des “constructifs”. Avec l’objectif de devenir un pivot incontournable dans ce paysage politique instable.
Enfin, il ne faut pas négliger le Rassemblement National, qui entend bien peser dans cette élection avec son candidat Sébastien Chenu, même si ses chances de l’emporter semblent limitées. De son côté, la droite hésite encore entre plusieurs prétendants.
Des conséquences sur la composition du gouvernement ?
Au-delà de la présidence de l’Assemblée elle-même, l’enjeu de ce vote est aussi de voir se dessiner une possible future coalition gouvernementale. En plaçant l’un des leurs au perchoir, certains groupes espèrent renforcer leur poids dans les futures négociations avec l’exécutif.
Car dans ce contexte inédit sous la Ve République, le président de l’Assemblée jouera un rôle clé dans l’équilibre des pouvoirs. Son élection en dira long sur le degré de soutien que pourra espérer le gouvernement au sein du Parlement, et sur ses marges de manœuvre pour mener à bien son action.
Un vote sous haute surveillance
Compte tenu des enjeux, ce vote s’effectuera sous haute surveillance. Plusieurs tours seront sans doute nécessaires pour départager les candidats, et le suspense pourrait durer une bonne partie de l’après-midi.
Les vice-présidents et autres postes clés du bureau de l’Assemblée seront aussi très disputés, chaque groupe cherchant à s’assurer une représentation maximale au sein de l’institution.
Une chose est sûre : de cette élection dépendra en grande partie l’atmosphère des prochains mois au Palais Bourbon. Une ambiance de travail constructif, ou au contraire de blocage et d’obstruction ? Les Français, qui aspirent à être gouvernés après des mois d’instabilité politique, attendent un signal fort de leurs représentants.
Rendez-vous donc cet après-midi pour connaître le visage de celui ou celle qui incarnera l’Assemblée Nationale pour les années à venir, et peut-être, par la même occasion, l’orientation politique du pays. Un vote à haut risque, dont les répercussions pourraient se faire sentir bien au-delà de l’hémicycle.
