L’arrestation arbitraire en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, célèbre pour ses prises de position contre l’islamisme, soulève une vague d’indignation dans le monde intellectuel et littéraire. Cet acte est largement perçu comme une atteinte à la liberté d’expression.
Un intellectuel engagé réduit au silence
Âgé de 75 ans, Boualem Sansal est un homme de lettres reconnu, lauréat de nombreux prix littéraires dont le Grand Prix du Roman de l’Académie française en 2015. Ses écrits, virulents à l’égard de l’intégrisme religieux, lui ont valu des menaces dans son pays natal. Arresté le 16 novembre par les autorités algériennes, il se trouve depuis en détention, sans que les motifs de son interpellation n’aient été clairement énoncés.
Cette arrestation a suscité une onde de choc. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qui apparaît comme une tentative de museler un esprit libre et critique. Des personnalités du monde culturel, à l’instar des anciens lauréats du Grand Prix de l’Académie française, ont lancé un appel au président algérien Abdelmadjid Tebboune :
« Nous ne pouvons concevoir qu’un écrivain soit arrêté. Nous vous demandons, Monsieur le Président, de bien vouloir intervenir afin que notre confrère Boualem Sansal soit libéré sans délai. »
Des réactions politiques timides
Malgré l’émoi suscité dans le milieu littéraire, les réactions politiques restent pour l’heure mesurées. Selon une source proche du gouvernement français, la situation est suivie avec attention mais la volonté de ne pas envenimer les relations diplomatiques avec l’Algérie prime. Une approche jugée trop timide par les soutiens de l’écrivain emprisonné qui appellent à une pression internationale plus ferme sur le régime algérien.
La liberté d’expression en question
Au-delà du cas personnel de Boualem Sansal, c’est bien la liberté d’expression qui est en jeu. Son arrestation illustre la fragilité de ce droit fondamental dans de nombreux pays. Les créateurs, les journalistes, les penseurs qui osent défier le discours officiel ou les dogmes religieux s’exposent à de lourdes représailles.
« L’emprisonnement d’un écrivain pour ses idées est toujours l’indice d’une société malade de ses non-dits. »
écrit le romancier Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024, dans une tribune publiée en soutien à son ami.
Un message fort en cette période où la liberté de penser, de créer et de s’exprimer se révèle plus que jamais un combat de tous les instants. La mobilisation autour de Boualem Sansal doit être le point de départ d’une réflexion profonde sur la protection des voix dissidentes, garantes du pluralisme des idées.
Les prochaines étapes cruciales
Les prochains jours seront déterminants pour le sort de l’écrivain emprisonné. Son avocat a annoncé qu’il serait prochainement présenté devant un procureur. La communauté internationale sera attentive au respect de ses droits et aux chefs d’accusation retenus contre lui.
D’ici là, les soutiens de Boualem Sansal entendent maintenir la pression par plusieurs actions :
- Pétitions en ligne pour exiger sa libération immédiate
- Mobilisation sur les réseaux sociaux avec le hashtag #FreeBoualemSansal
- Interpellation des élus et du gouvernement pour qu’ils agissent en faveur de sa libération
- Organisation de rassemblements et de lectures publiques de ses œuvres
Un élan de solidarité international qu’il faudra transformer en victoire pour la liberté. Car comme l’écrit si justement Boualem Sansal dans son dernier roman : « Seule la ténacité des hommes libres peut venir à bout de la violence des fanatiques. » Des mots qui prennent aujourd’hui une résonance toute particulière.