Alors que la guerre fait rage en Ukraine depuis près d’un an, un acteur inattendu pourrait bientôt entrer en scène pour renforcer les défenses de Kiev : la Corée du Sud. Ce pays, connu pour son industrie de défense de pointe, envisage en effet de fournir des armes aux forces ukrainiennes suite à l’implication présumée de son voisin du nord, la Corée du Nord, aux côtés de la Russie.
Au cœur de l’arsenal sud-coréen
Pour comprendre l’importance potentielle de cette décision, direction l’usine d’armement de Hanwha Aerospace, près du port de Busan. C’est ici que sont fabriqués certains des systèmes de défense les plus avancés au monde, comme le « Cheongung », un bouclier anti-aérien comparable au fameux Dôme de fer israélien.
Sur les chaînes de production ultramodernes, les ouvriers s’affairent au son de la « Lettre à Elise » de Beethoven. Bientôt, leurs créations pourraient servir à protéger le ciel ukrainien des drones et missiles russes. Un renfort bienvenu pour Kiev, qui ne cesse de réclamer plus de systèmes de défense occidentaux comme les Patriot américains.
Une implication encore incertaine
Mais la Corée du Sud franchira-t-elle le pas ? Tout dépendra de « l’implication de la Corée du Nord » dans le conflit, a déclaré le président Yoon Suk Yeol, ajoutant que Séoul « n’excluait pas la possibilité d’envoyer des armes ». Si décision il y a, le premier lot serait composé d’armes défensives, cruciales pour permettre à l’Ukraine de repousser les offensives russes.
D’autres atouts dans la manche
Au-delà du Cheongung, la Corée du Sud dispose d’autres équipements qui pourraient faire la différence, comme le système de missile guidé Chunmoo. Selon les experts, Kiev a un besoin urgent d’armes offensives capables d’infliger des dommages importants à l’ennemi pour renverser la situation en sa faveur.
Si l’implication directe de la Corée du Nord dans la guerre s’intensifie, Séoul pourrait envisager d’envoyer des armes létales, en plus des armes défensives.
Choi Gi-il, professeur d’études militaires à l’université Sangji
Un enjeu stratégique pour Séoul
Au-delà de l’aspect humanitaire, fournir des armes à l’Ukraine représenterait aussi un enjeu stratégique pour la Corée du Sud. Le pays ambitionne en effet de rejoindre le top 4 des exportateurs d’armement mondiaux, derrière les États-Unis, la Russie et la France. Les tensions géopolitiques en Europe offrent une opportunité en or pour son industrie de défense, comme en témoigne l’envolée des bénéfices de Hanwha Aerospace.
Reste à savoir si Séoul est prêt à franchir le Rubicon en approvisionnant directement une zone de conflit actif, ce qui serait une première. Une décision lourde de conséquences, qui dépendra largement de l’attitude de Pyongyang dans les semaines et mois à venir. Quoi qu’il en soit, l’éventuelle implication sud-coréenne pourrait bien rebattre les cartes du conflit ukrainien.
