La guerre civile syrienne connait un nouveau tournant. Alors qu’une coalition rebelle dominée par les islamistes a lancé une offensive éclair depuis la région d’Idleb, le régime de Bachar al-Assad riposte en renforçant sa présence militaire autour de la ville stratégique de Hama, dans le centre du pays.
Une offensive rebelle fulgurante depuis Idleb
Mercredi dernier, des groupes armés syriens emmenés par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), anciennement affilié à Al-Qaïda, ont déclenché une large offensive au départ d’Idleb, ultime bastion échappant encore au contrôle du régime. En quelques jours, ils ont pris le contrôle de vastes territoires dans le nord et le centre du pays, notamment dans les provinces d’Alep et de Hama.
D’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les rebelles et islamistes auraient capturé la majeure partie de la grande ville d’Alep, ainsi que plusieurs localités stratégiques dans le nord de la province de Hama. Une avancée si rapide qu’elle a pris de court l’armée syrienne.
L’armée syrienne en état d’alerte
Face à cette menace, le régime de Damas n’a pas tardé à réagir. Selon des sources proches de l’armée syrienne, celle-ci a déployé en urgence d’importants renforts aux abords de la ville de Hama, pour tenter d’endiguer la progression ennemie :
Les forces du régime ont réorganisé leurs positions militaires, établi de nouveaux points de contrôle en périphérie de Hama et envoyé d’importants renforts vers des localités stratégiques.
– Un responsable de l’OSDH
Le ministère syrien de la Défense a pour sa part assuré que ses unités avaient « renforcé leurs lignes défensives avec divers moyens de feu, équipements et effectifs », tout en combattant « les groupes terroristes » pour stopper leur avancée. L’objectif est clair : empêcher à tout prix les rebelles de s’emparer de Hama, verrou stratégique.
Un conflit syrien de plus en plus violent
En seulement quelques jours, l’offensive rebelle et la contre-attaque du régime ont fait plus de 330 morts selon l’OSDH. Des violences d’une intensité inédite depuis des années en Syrie, déchirée par une guerre civile dévastatrice depuis 2011.
Impliquant de multiples acteurs régionaux et internationaux, ainsi que des groupes djihadistes, le conflit avait pourtant connu une relative accalmie ces dernières années. Après une vaste contre-offensive lancée en 2015 avec l’aide cruciale de la Russie, le régime de Bachar al-Assad était parvenu à reprendre le contrôle de larges portions du territoire, dont la totalité de la ville d’Alep en 2016.
Mais la reprise des combats à grande échelle rappelle que la guerre est loin d’être terminée. Selon des sources russes, des raids aériens ont même été menés avant l’aube sur Alep, les premiers depuis sa reconquête par le régime. La ville échappe désormais à nouveau au contrôle gouvernemental.
La communauté internationale inquiète
Cette escalade de violence suscite une vive préoccupation au sein de la communauté internationale. Plusieurs pays ont appelé à une désescalade immédiate et à la reprise des efforts diplomatiques pour mettre fin à ce conflit qui a déjà fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés.
Le président syrien Bachar al-Assad s’est quant à lui voulu rassurant, affirmant que son pays était capable de « vaincre les terroristes ». Mais sur le terrain, la situation reste extrêmement tendue et imprévisible. Nul ne sait si les renforts déployés par l’armée syrienne suffiront à enrayer l’avancée des rebelles.
Une chose est sûre : après des années de chaos, la Syrie n’est pas près de retrouver la paix. Et les civils continuent de payer le prix fort de ce conflit qui semble sans fin.