Dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, la Roumanie vient de franchir un cap majeur dans la modernisation de ses forces armées. Jeudi dernier, le pays a en effet signé un contrat record avec les États-Unis pour l’achat de 32 avions de combat furtifs F-35. Un investissement militaire d’une ampleur sans précédent pour ce pays d’Europe de l’Est, qui partage une frontière avec l’Ukraine.
Un contrat à 6,5 milliards de dollars pour renforcer les capacités de défense roumaines
Estimé à environ 6,5 milliards de dollars (soit 6,1 milliards d’euros) par le Parlement roumain, cet achat massif de chasseurs américains de dernière génération est perçu comme un moyen de renforcer considérablement les capacités défensives du pays. Lors de la cérémonie de signature organisée dans la capitale Bucarest, le Premier ministre Marcel Ciolacu a d’ailleurs souligné que cette acquisition allait “considérablement renforcer nos capacités de défense”.
Une nécessité que le dirigeant roumain a justifié au regard de la situation géopolitique actuelle :
“Malheureusement, la situation géopolitique actuelle démontre le besoin aigu de moyens de dissuasion solides, tant au niveau de l’alliance atlantique qu’au niveau national”
Marcel Ciolacu, Premier ministre roumain
Une étape clé saluée par les États-Unis
Présente lors de la cérémonie, l’ambassadrice des États-Unis en Roumanie, Kathleen Kavalec, a salué la signature de ce contrat, y voyant “une étape importante, qui contribuera de manière significative (…) à notre sécurité collective”. Une vente d’armement d’envergure qui avait d’ailleurs déjà reçu l’aval du département d’État américain en septembre dernier.
Un pays en première ligne depuis le début du conflit ukrainien
Membre de l’OTAN depuis 2004, la Roumanie se trouve actuellement aux avant-postes de l’Alliance atlantique depuis le début de l’offensive russe en Ukraine il y a bientôt 15 mois. Avec une population de 19 millions d’habitants, le pays a découvert à plusieurs reprises des débris de drones russes sur son territoire, vraisemblablement destinés à frapper l’Ukraine voisine.
Face à ces incursions et à la menace que représente le conflit à ses frontières, Bucarest a donc choisi d’accélérer la modernisation de ses forces armées. Un effort qui se traduit par une volonté affichée de porter le budget de la défense à 2,5% du produit intérieur brut (PIB). Un objectif ambitieux que le pays n’a pas réussi à atteindre en 2022, se contentant de 1,6 % de son PIB selon les chiffres fournis par l’OTAN.
Le renouvellement progressif de la flotte aérienne roumaine
Avec cette commande historique, la Roumanie entend bien renouveler sa flotte aérienne vieillissante. Hérités de l’ère communiste, les avions de chasse Mig-21 LanceR ont ainsi été retirés du service en 2023. Dans l’attente de la livraison des F-35, prévue pour les années 2030, Bucarest s’appuie désormais sur des F-16 d’occasion achetés au Portugal et à la Norvège.
L’arrivée des F-35 marque donc l’entrée de la Roumanie dans le cercle restreint des nations disposant de cet aéronef à la pointe de la technologie. Le géant américain Lockheed Martin, fabricant des chasseurs, s’est d’ailleurs félicité de cette vente dans un communiqué, soulignant que la Roumanie devenait ainsi “le 20e membre de l’alliance mondiale F-35”.
Un effort de formation des pilotes avec l’aide des alliés
Afin d’accompagner cette montée en puissance, la Roumanie peut compter sur le soutien de ses alliés. Le pays dispose ainsi sur son sol d’un pôle régional d’entraînement de pilotes de F-16, destiné à former les aviateurs roumains mais aussi ukrainiens.
Par ailleurs, plus de 5000 soldats de l’OTAN sont actuellement déployés en Roumanie, constituant le plus important contingent de forces de l’Alliance atlantique sur le flanc sud-est de l’Europe. Une présence qui témoigne de l’importance stratégique du pays et de son engagement auprès de ses partenaires occidentaux face aux défis sécuritaires de la région.
L’achat de ces 32 chasseurs F-35 marque donc une étape cruciale pour l’armée de l’air roumaine. Au-delà du symbole et de l’effort budgétaire consenti, cette acquisition conforte la détermination de Bucarest à défendre son territoire et celui de ses alliés dans un environnement régional marqué par l’instabilité et les tensions. Un signal fort envoyé à la Russie, alors que la guerre fait rage en Ukraine.