Alors qu’Anne Hidalgo a annoncé qu’elle ne briguerait pas un troisième mandat à la mairie de Paris en 2026, son bilan suscite de vives critiques, notamment sur le plan des finances. La capitale croule sous une dette abyssale après deux mandats de la maire socialiste. Mais un autre aspect de son héritage interroge : les moyens pharaoniques déployés pour la communication municipale.
Une armée de communicants gonflée sous l’ère Hidalgo
D’après des chiffres obtenus en interne, la mairie de Paris emploie actuellement près de 400 personnes dédiées à la communication, un nombre en hausse constante depuis l’arrivée d’Anne Hidalgo à l’Hôtel de Ville en 2014. Sur ses deux mandats, les effectifs du département communication auraient ainsi augmenté de plus de 10%.
Un nombre qui apparaît sans commune mesure avec les autres grandes villes françaises. À titre de comparaison, Lyon et Marseille, pourtant elles aussi dirigées par des maires de gauche, se contentent d’une petite centaine de communicants chacune.
La direction de l’information et de la communication, une structure tentaculaire
Pour piloter cette armée, Anne Hidalgo s’est appuyée sur la DICOM, la direction de l’information et de la communication de la ville de Paris. Celle-ci se voit officiellement confier trois missions : l’information des Parisiens, la communication événementielle et la promotion de l’image de marque de la capitale. Dans les faits, elle sert surtout à mettre en valeur l’action de la maire et sa majorité municipale.
Avec un budget et des effectifs en hausse, cette structure est devenue de plus en plus tentaculaire au fil des années. Elle multiplie les campagnes de publicité, les événements, les supports papier et numériques, mobilisant des moyens dignes d’une grande entreprise plus que d’une collectivité locale.
Quand la com’ passe avant l’action publique
Cette course à la communication tous azimuts interroge alors que la gestion de la ville est pointée du doigt. Saleté, insécurité, dégradation de l’espace public, les critiques pleuvent sur le bilan d’Anne Hidalgo. Beaucoup lui reprochent d’avoir délaissé ses missions de base au profit d’une communication tapageuse.
Anne Hidalgo a toujours privilégié l’image à la substance. Les Parisiens attendaient du concret, ils ont eu droit à des effets de manche.
Un élu d’opposition à la mairie de Paris
La maire assume ce choix, expliquant vouloir faire de Paris une « ville monde », rayonnant à l’international. Une ambition qui passe par un marketing territorial offensif, quitte à délaisser certains fondamentaux du quotidien des Parisiens.
Un héritage politique et financier lourd pour la prochaine mandature
Si Anne Hidalgo passe la main en 2026, son successeur devra gérer cet héritage. Réduire la voilure en matière de communication pour rééquilibrer les finances et recentrer l’action municipale sur les attentes concrètes des Parisiens sera un défi. Mais il faudra aussi s’émanciper de cette saturation de « com' » pour restaurer la crédibilité et la proximité de la parole publique.
Un virage à 180 degrés qui s’annonce périlleux politiquement après deux décennies de gestion socialiste. Le prochain maire, qu’il soit de droite ou de gauche, devra trouver un nouveau logiciel pour rompre avec les travers de l’ère Hidalgo. Sans renier le rayonnement international de la capitale, il s’agira de remettre l’intérêt des Parisiens et la bonne gestion au cœur du projet.
Les leçons d’une dérive
Au-delà de Paris, le cas Hidalgo soulève la question de la com’ dans la sphère publique. Certes, informer et dialoguer avec les citoyens est nécessaire. Mais gare à la fuite en avant vers toujours plus de marketing territorial, au détriment du cœur de mission. Une dérive qui éloigne les élus du terrain et nourrit la défiance.
L’équation s’annonce complexe pour les maires de grandes villes, pris entre des injonctions contradictoires : rayonner et attirer sans négliger la proximité, communiquer sans verser dans le « tout image ». L’exemple parisien montre qu’un rééquilibrage est nécessaire, pour redonner du sens à l’action locale et réconcilier les citoyens avec leurs élus. Un enjeu démocratique majeur.