La décision soudaine de l’Argentine de retirer sa délégation de la Conférence climatique de l’ONU (COP29) à Bakou a suscité de vives inquiétudes quant à un potentiel retrait du pays de l’Accord de Paris sur le climat. Selon des experts et des opposants, cette crainte est alimentée par les positions climatosceptiques du nouveau président Javier Milei, proche allié de Donald Trump.
Le départ anticipé de la délégation argentine de la COP29, pourtant réduite à une poignée d’experts chargés de rapports techniques, s’inscrirait dans une “réévaluation de la situation” et une “réflexion” menée par le nouveau ministre des Affaires étrangères, Gerardo Wehrtein, selon le porte-parole de la présidence. Ce dernier a confirmé dans une interview au Washington Post que le gouvernement “réévalue sa stratégie sur toutes les questions liées au changement climatique”, sans pour autant prendre de décision sur une éventuelle sortie de l’Accord de Paris, clé de voûte de l’action climatique mondiale.
L’Argentine sur une “voie brumeuse d’isolement” ?
Si l’Argentine venait à se retirer de l’Accord de Paris, le pays serait confronté à “d’importantes implications légales et constitutionnelles” selon Maximiliano Ferraro, député d’opposition. Au-delà des aspects juridiques, il met en garde contre un engagement “sur une voie brumeuse d’isolement, vers un endroit de la carte géopolitique où seuls nous attendent l’Iran, la Libye et le Yémen”.
La Coalition civique, parti centriste, a également condamné le retrait de Bakou, estimant que des “sujets essentiels pour la transition énergétique mondiale et pour la finance verte” y étaient discutés, représentant “des opportunités d’investissement que l’Argentine ne peut se permettre d’ignorer”. De son côté, Greenpeace Argentine a qualifié de “très mauvais signal” le fait de “se retirer de la prise de décisions sur un sujet aussi sensible et critique que le financement des politiques environnementales”.
Rumeurs persistantes sur un retrait imminent
Malgré les assurances du ministre Wehrtein sur la reconnaissance par le gouvernement de l’existence du changement climatique et la nécessité de prendre des mesures pour l’atténuer, un doute subsiste étant donné les positions passées de Javier Milei. Ce dernier, qui se décrit comme “anarcho-capitaliste”, a exprimé sa conviction que le changement climatique n’est qu’un “cycle” de l’histoire et non une “responsabilité de l’homme”, estimant que la nature doit “servir l’être humain et son bien-être” en “exploitant nos ressources”.
Des rumeurs persistantes font état d’une possible annonce imminente de retrait de l’Accord de Paris par l’Argentine. Cependant, une telle décision nécessiterait l’approbation du parlement, ce qui semble peu probable compte tenu de la situation politique actuelle et de la minorité du parti de Milei, selon Oscar Soria, directeur de l’ONG environnementale The Common Initiative. Il souligne également le statut constitutionnel des traités internationaux ratifiés par l’Argentine, comme l’Accord de Paris depuis 2016.
Mobilisation de la société civile et risque d’action en justice
Face à ces incertitudes, l’espoir repose sur la mobilisation de la société civile pour contrer la vision de Milei selon laquelle “l’environnement ne sert qu’à générer des biens”. Le biologiste Guillermo Folguera note que “des centaines d’organisations se mobilisent pour réfléchir à un projet latino-américain contre le pillage environnemental”. De même, Oscar Soria est convaincu que “l’action mondiale contre le changement climatique continuera, avec ou sans l’Argentine”, rappelant le précédent du retrait temporaire des États-Unis sous Trump avant leur retour avec l’élection de Biden.
Si l’Argentine venait effectivement à se retirer de l’Accord de Paris, de nombreux défenseurs de l’environnement se disent prêts à intenter une action en justice. Le pays s’engagerait alors sur une voie isolée et incertaine, à contre-courant des efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique. Une décision lourde de conséquences qui sera scrutée de près dans les prochaines semaines.