Alors que son programme d’aide actuel de 44 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI) arrive à son terme, l’Argentine a entamé de nouvelles négociations avec l’institution financière internationale. L’objectif : obtenir un nouveau prêt pour poursuivre les réformes économiques engagées et renouer avec la croissance.
Un nouveau chapitre s’ouvre avec le FMI
Selon une source proche du dossier, les autorités argentines ont officiellement exprimé leur intérêt pour un nouveau programme d’aide auprès du FMI. Les négociations sont actuellement en cours, même si le montant exact du potentiel nouveau prêt n’a pas encore été dévoilé.
Le président argentin Javier Milei, en poste depuis un an, mise beaucoup sur ce nouveau partenariat avec le FMI. Lors d’une interview accordée au Wall Street Journal, il s’est dit confiant quant à l’issue des discussions, assurant bénéficier du soutien du président américain nouvellement élu Donald Trump.
Je pense qu’un accord avec le FMI est très probable, car les États-Unis ont découvert que nous sommes un partenaire fiable.
– Javier Milei, Président de l’Argentine
Des réformes saluées malgré un coût social élevé
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2023, le gouvernement Milei a lancé un vaste programme d’ajustement macroéconomique visant à juguler l’inflation record et réduire fortement le déficit public. Des efforts qui ont porté leurs fruits selon le FMI, saluant les « progrès impressionnants » réalisés :
- Réduction notable de l’inflation, passée de 17% en moyenne mensuelle en 2023 à 2,7% en octobre dernier
- Retour à un solde budgétaire primaire positif
- Amélioration des réserves de change
Mais cette cure d’austérité s’est faite au prix fort pour la population. La monnaie nationale, le peso, a été dévaluée de 52% en décembre dernier. Plus de 260 000 emplois ont été supprimés dans les secteurs public et privé. Et surtout, le taux de pauvreté a bondi, touchant désormais plus d’un Argentin sur deux selon des chiffres contestés par le gouvernement.
Cap sur la croissance et les investissements étrangers
Malgré une récession attendue de 3,9% cette année par le FMI, l’économie argentine a renoué avec la croissance au 3ème trimestre 2024 (+3,9%). Et les perspectives s’améliorent pour 2025, avec un rebond du PIB anticipé à 5%.
Pour doper la reprise, le président Milei mise sur l’ouverture commerciale et l’attraction des investissements étrangers. Il s’est récemment prononcé en faveur d’un traité de libre-échange entre les États-Unis et le Mercosur, le marché commun sud-américain dont il prendra la présidence tournante début 2025.
Un cap résolument libéral qui semble séduire certains grands groupes internationaux, à l’image du géant minier anglo-australien Rio Tinto. Ce dernier a annoncé un investissement de 2,5 milliards de dollars dans le pays pour augmenter sa production de lithium, saluant « l’environnement favorable aux investissements » découlant des réformes de Javier Milei.
L’Argentine, pays le plus endetté auprès du FMI
Si les négociations aboutissent, l’Argentine renforcera encore un peu plus ses liens déjà étroits avec le FMI. Le pays est actuellement le plus gros emprunteur de l’institution, avec une dette atteignant 1073% de son quota according to des données du Centre pour la recherche économique et politique (CEPR).
Un niveau d’endettement record qui soulève des questions sur la soutenabilité à long terme de la stratégie argentine. Le gouvernement devra trouver le bon équilibre entre l’assainissement des finances publiques, le soutien à l’activité économique et l’acceptabilité sociale de ses réformes. Un défi de taille qui conditionnera la réussite du nouveau partenariat entre l’Argentine et le FMI.