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L’Argentine lance un appel d’offres pour la gestion privée de sa grande autoroute fluviale

L'Argentine veut privatiser sa plus grande autoroute fluviale, clé pour ses exportations agricoles. Un appel d'offres a été lancé mercredi pour une gestion privée sur 30 ans de cette voie navigable stratégique. Quels groupes internationaux seront intéressés ? Le gouvernement mise sur une modernisation de...

C’est un virage stratégique que s’apprête à prendre l’Argentine concernant la gestion de sa plus grande autoroute fluviale. Le gouvernement du président ultralibéral Javier Milei, au pouvoir depuis décembre dernier, a en effet lancé mercredi un appel d’offres pour confier au privé l’exploitation de la section argentine de la voie navigable Parana-Paraguay, et ce pour une durée de 30 ans.

Une voie navigable cruciale pour les exportations agricoles de la région

Longue de plus de 3 500 km, l’hidrovia Parana-Paraguay est l’une des voies fluviales les plus importantes au monde. Partant de Puerto Caceres dans l’État brésilien du Mato Grosso do Sul, elle traverse cinq pays avant de se jeter dans l’Atlantique au niveau du port uruguayen de Nueva Palmira.

La section concernée par l’appel d’offres argentin, appelée Voie Navigable Principale (VNT), est un tronçon clé d’environ 1 500 km fonctionnant 24h/24. C’est par cette autoroute fluviale que transite environ 80% de la production agricole argentine destinée à l’exportation.

Mais la VNT Parana-Paraguay n’est pas seulement vitale pour l’Argentine. Avec un trafic annuel de près de 4 000 bateaux, elle sert aussi de canal d’exportation pour les produits du Paraguay, du Brésil, de la Bolivie et de l’Uruguay. C’est donc une artère commerciale névralgique pour toute la région.

Une gestion étatique depuis 2021

Pourtant, depuis 2021, l’exploitation de cette voie fluviale était revenue dans le giron de l’État argentin, via son administration portuaire, après avoir été gérée pendant 25 ans par un consortium privé associant le groupe maritime belge Jan de Nul et la holding argentine Emepa.

Le gouvernement de l’époque souhaitait reprendre la main sur des activités stratégiques comme le dragage, le balisage, la signalisation et la perception des péages. Mais à peine deux ans plus tard, son successeur ultralibéral veut de nouveau confier ces missions au privé.

Un appel d’offres axé sur la modernisation et la sécurité

Publié mardi au Journal officiel, l’appel d’offres court jusqu’au 29 janvier prochain. Il met l’accent sur une “forte modernisation” des infrastructures et équipements de la VNT :

  • Amélioration de la signalisation
  • Ajout de radars et d’un suivi satellite des navires
  • Renforcement de la lutte contre le narcotrafic et le terrorisme dans cette zone sensible aux multiples frontières

L’objectif affiché est de garantir “une navigation plus sûre”. Selon des sources proches du dossier, des groupes belges, néerlandais et chinois pourraient être intéressés par la reprise de la concession.

Privatisations à marche forcée

Cet appel d’offres s’inscrit dans la politique de privatisations tous azimuts engagée par Javier Milei. Outre une cure d’austérité budgétaire sévère, le président ultralibéral élu en décembre avait annoncé vouloir privatiser totalement ou partiellement plus d’une quarantaine d’entreprises publiques.

Après un détricotage de son projet initial au Parlement, il a dû réduire ses ambitions à une petite dizaine de privatisations. Celle de la gestion de la VNT Parana-Paraguay sera sans doute l’une des plus emblématiques et des plus lourdes de conséquences pour l’économie argentine.

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