Les sourires sont là, mais semblent figés. Les regards, eux, reflètent une immense déception. En cette journée historique pour l’escrime française, les épéistes tricolores ont vécu une finale olympique à couper le souffle. Une finale perdue d’une seule touche face à l’Italie, en mort subite. L’or leur tendait les bras, avant de s’envoler au dernier instant. Ne reste plus que l’argent. Entre les larmes de tristesse et les sourires de façade, les filles oscillent entre une grosse peine et une petite joie.
Des regrets éternels malgré la performance
Auriane Mallo-Breton, celle qui a concédé la touche fatale, est inconsolable. Double vice-championne olympique en individuel et par équipes, la Lyonnaise ne parvient pas à contenir ses sanglots. «Si on m’avait dit ça il y a une semaine, je les aurais prises sans hésiter. Mais bon, quand on est en finale et qu’on est deux fois à une touche d’être championne olympique, il y a quand même un petit goût amer qui reste.» Une amertume compréhensible au vu du scénario cruel.
«C’est cruel. Deux fois en mort subite pour moi, c’est compliqué. Cette issue fait mal, mais c’est le sport…»
– Auriane Mallo-Breton, en larmes
Même son de cloche chez ses coéquipières. Alexandra Louis-Marie, entrée en finale pour un relais décisif, se tortille les mains, hantée par la pression et la défaite sur le fil. Coraline Vitalis, dont le mauvais relais a précipité la remontée italienne, ne cache pas sa tristesse. «Je suis un peu triste, car ça s’est vraiment joué à rien.» Une frustration légitime tant ce titre olympique leur semblait promis.
La fierté malgré tout
Pourtant, au-delà de la déception, une forme de satisfaction émerge. Celle d’avoir décroché une médaille historique pour l’escrime féminine française, après des années de disette. «C’est notre première médaille internationale, le fruit de douze ans de travail», souligne Coraline Vitalis. Un constat partagé par Auriane Mallo-Breton : «On sait qu’on partait de loin, un travail depuis douze ans avec toutes les filles, pas seulement nous quatre. C’est une médaille vraiment collective qui récompense plein de championnats du monde compliqués ces dernières années.»
Marie-Florence Candassamy, quatrième mousquetaire de l’équipe, résume ce sentiment mitigé : «Sur le moment, on ne va pas le cacher, on a ressenti une grande tristesse. Mais après, ça reste quand même une belle médaille qu’on va savourer. L’année a été compliquée, personne ne misait une piécette sur nous. Alors cette médaille, elle vaut largement de l’or…»
La tête haute et le regard tourné vers l’avenir
Malgré cette défaite cruelle, les épéistes françaises sortent la tête haute de ces Jeux Olympiques. Elles ont atteint la finale, écrit une nouvelle page de l’histoire de leur sport et prouvé que l’escrime féminine tricolore avait de beaux jours devant elle. Gageons que la fierté prendra vite le pas sur la déception, et que ces quatre filles en argent porteront longtemps les espoirs du sabre français. Aujourd’hui abattues, demain auréolées. C’est aussi ça, la magie du sport.