Alors que le hajj, le grand pèlerinage musulman à La Mecque, approche à grands pas, l’Arabie saoudite se prépare à relever un défi de taille : protéger les pèlerins des chaleurs extrêmes. La tragédie de 2024, qui avait coûté la vie à 1 300 personnes, est encore dans tous les esprits. Les autorités saoudiennes sont plus que jamais déterminées à mettre en place des mesures efficaces pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise.
Un pèlerinage sous haute surveillance
Selon des sources proches du dossier, la priorité numéro un sera de réduire les risques liés aux pèlerins illégaux, qui n’ont pas accès aux infrastructures prévues pour rendre le hajj plus supportable, comme les tentes climatisées. Des contrôles plus stricts pourraient être mis en place pour limiter l’afflux de personnes non enregistrées.
Parmi les autres pistes envisagées, on évoque des bracelets connectés pour détecter les signes de stress thermique chez les pèlerins. Cependant, il est peu probable que cette technologie soit déployée dès cette année, le temps de préparation étant trop court.
Une course contre la montre
Les autorités saoudiennes sont engagées dans une véritable course contre la montre pour renforcer les infrastructures existantes et mettre en place de nouvelles mesures avant le début du hajj, prévu début juin. Selon des experts, on peut s’attendre à des contrôles de capacité plus stricts et à des aménagements supplémentaires pour gérer la chaleur.
La climatisation est la seule mesure efficace pour protéger contre la chaleur extrême. Boire de l’eau aide à réhydrater, mais cela ne suffit pas.
– Dr Abderrezak Bouchama, expert médical collaborant avec le gouvernement saoudien
Des mesures déjà en place
L’Arabie saoudite n’en est pas à son coup d’essai en matière de lutte contre les fortes chaleurs pendant le hajj. Ces dernières années, des mesures extraordinaires ont déjà été prises :
- Espaces climatisés autour de la Kaaba et entre les sites de Safa et Marwa
- Routes recouvertes d’une matière réfléchissante pour réduire la température
- Déploiement de brumisateurs, distribution d’eau et d’ombrelles
Grâce à ces mesures de mitigation, les cas de stress thermique ont été réduits de près de 75% et la mortalité associée a baissé de presque 50% en 40 ans. Mais face à l’intensification des vagues de chaleur, il faudra redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour assurer la sécurité des pèlerins dans les années à venir.
Un répit de courte durée
Si les prochaines éditions du hajj devraient bénéficier de conditions climatiques un peu plus clémentes grâce au décalage progressif vers la saison hivernale, il ne s’agit que d’un répit temporaire. D’ici quelques décennies, le stress thermique des pèlerins franchira à nouveau des seuils critiques :
Selon une étude, le stress thermique des pèlerins du hajj dépassera le « seuil de danger extrême » entre 2047 et 2052, puis entre 2079 et 2086.
– Étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters
Face à l’urgence climatique, l’Arabie saoudite n’a d’autre choix que de poursuivre et d’intensifier ses efforts pour adapter le hajj aux chaleurs extrêmes. Un défi titanesque, mais vital pour l’avenir de ce pilier de l’islam et la sécurité des millions de fidèles qui l’accomplissent chaque année.