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L’Arabie Saoudite Dans La Tourmente Du Mondial 2034

La candidature de l'Arabie Saoudite pour organiser la Coupe du Monde 2034 se heurte à un obstacle de taille. Amnesty International exhorte la FIFA à interrompre le processus d'attribution tant que des garanties crédibles sur les droits humains ne seront pas fournies. Un rapport accablant qui met en lumière les risques d'une telle décision...

Alors que le compte à rebours est lancé pour l’attribution par la FIFA des Coupes du Monde 2030 et 2034, l’Arabie Saoudite, candidate pour 2034, voit son dossier sérieusement remis en question. Amnesty International et l’Alliance Sport et Droits de l’Homme tirent la sonnette d’alarme sur les risques liés aux droits humains si le royaume wahhabite venait à être choisi. À travers un rapport détaillé, les ONG appellent l’instance dirigeante du football mondial à suspendre le processus tant que des garanties crédibles ne seront pas apportées par les Saoudiens.

Le spectre des violations des droits humains

Le rapport conjoint d’Amnesty International et de l’Alliance Sport et Droits de l’Homme passe au crible les stratégies des pays candidats à l’organisation des Mondiaux 2030 et 2034 en matière de respect des droits fondamentaux. Ses conclusions sont sans appel concernant l’Arabie Saoudite. Selon les auteurs, aucune des deux candidatures n’explique suffisamment comment elles comptent se conformer aux normes fixées par la FIFA, tandis que les risques sont particulièrement aigus pour le royaume saoudien.

L’attribution de la Coupe du monde 2034 à l’Arabie saoudite sans obtenir de garanties crédibles concernant des réformes aura un coût humain réel et prévisible.

Steve Cockburn, responsable du programme Justice économique et sociale à Amnesty International

En l’absence de progrès significatifs, les ONG redoutent de graves violations des droits humains si l’Arabie Saoudite devait accueillir la grand-messe du football. Discriminations envers les supporters, expulsions forcées de résidents, exploitation des travailleurs migrants allant jusqu’à des morts… la liste des craintes est longue et détaillée.

Un processus d’attribution à interrompre ?

Face à ce sombre tableau, Amnesty International lance un appel clair à la FIFA : stopper le processus d’attribution du Mondial 2034 à l’Arabie Saoudite tant que des protections adéquates ne seront pas mises en place. Une injonction qui vient s’ajouter à une candidature déjà très controversée, le royaume étant régulièrement pointé du doigt pour ses manquements aux libertés fondamentales.

De son côté, la FIFA reste pour l’heure muette sur le sujet, se contentant d’indiquer que le rapport sur les droits humains préalable au vote du 11 décembre était en cours de finalisation. Mais l’instance peut difficilement ignorer l’appel d’Amnesty et le poids des critiques qui s’accumulent à l’encontre de la candidature saoudienne.

Le défi de la crédibilité

Au-delà des enjeux éthiques évidents, c’est aussi la crédibilité de la FIFA et du processus d’attribution des Coupes du Monde qui est en jeu. Après les polémiques liées au Qatar et à la Russie, l’instance se doit de rassurer sur la prise en compte effective des droits humains dans ses critères de sélection.

Les projecteurs sont donc braqués sur Zurich où siège la FIFA. L’organisation se retrouve face à un choix cornélien : céder aux sirènes des pétrodollars saoudiens au risque d’entacher un peu plus son image ou prendre le risque de froisser un acteur géopolitique et économique majeur.

Une décision lourde de conséquences qui pourrait durablement impacter l’avenir d’un sport roi de plus en plus rattrapé par les réalités extra-sportives. Les semaines à venir s’annoncent donc décisives, pour l’Arabie Saoudite comme pour la FIFA, avec en toile de fond l’éternelle question de la place des droits humains dans le football business.

Une candidature marocaine également sous surveillance

Si l’Arabie Saoudite concentre les critiques les plus vives, la candidature conjointe du Maroc, de l’Espagne et du Portugal pour 2030 n’échappe pas non plus au regard vigilant des ONG. Amnesty pointe dans son rapport des inquiétudes sur “l’usage excessif de la force policière”, “des restrictions à la liberté d’expression et de réunion” et “la persistance de violations racistes, sexistes et homophobes” dans les trois pays.

Des alertes qui, sans remettre totalement en question leur dossier, devront être prises en compte par les dirigeants du football marocain, espagnol et portugais s’ils veulent maximiser leurs chances. Car si l’attribution d’une Coupe du Monde ne peut se résumer à un satisfecit en matière de droits humains, il est clair que le critère aura un poids croissant dans les processus à venir, au regard des polémiques récentes.

À moins de deux mois du vote, la FIFA se retrouve donc face à un double défi : évaluer avec lucidité et transparence les garanties apportées par les différents candidats, et surtout assumer un arbitrage qui sera, quoi qu’il arrive, scruté et commenté. Une équation complexe qui pourrait façonner durablement l’image et la gouvernance du football mondial.

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