Quatre ans après avoir vainement tenté d’évincer Nicolas Maduro du pouvoir, l’approche de Donald Trump vis-à-vis du Venezuela soulève de nombreuses interrogations. Entre durcissement des sanctions et potentiels compromis, la nouvelle stratégie de l’ancien président américain, de retour à la Maison Blanche, reste pour l’heure un mystère.
Le Venezuela au cœur des enjeux géopolitiques
Depuis la rupture des relations diplomatiques entre Washington et Caracas en 2019, sous la première présidence Trump, le Venezuela est devenu un acteur clé sur l’échiquier international. Avec ses réserves pétrolières parmi les plus importantes au monde, le pays suscite l’intérêt des grandes puissances dans un contexte de tensions sur les marchés de l’énergie, exacerbées par la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient.
Lors de son premier mandat, Donald Trump avait adopté une ligne dure envers le régime de Nicolas Maduro, imposant une politique de « pression maximale » à travers un durcissement des sanctions financières et l’instauration d’un embargo pétrolier. Une approche qui n’avait cependant pas permis d’atteindre l’objectif affiché de renverser le gouvernement vénézuélien.
Un avenir incertain pour les relations américano-vénézuéliennes
Le retour de Trump à la Maison Blanche soulève donc de nombreuses questions quant à l’évolution future des relations entre les deux pays. Selon Ivan Rojas, spécialiste des relations internationales, plusieurs scénarios sont envisageables :
Il est possible qu’il soit plus pragmatique et qu’il cherche à faire des compromis, tout comme il est possible qu’il maintienne les sanctions, voire qu’il les durcisse, afin de conserver une image de puissance.
Lors de sa campagne, Donald Trump a peu évoqué le Venezuela, si ce n’est à travers la question de l’immigration, un de ses chevaux de bataille. Le pays sud-américain, qui dit être prêt à « établir de bonnes relations » avec les États-Unis, attend désormais de voir quelle sera la direction prise par la nouvelle administration américaine.
L’opposition vénézuélienne espère un soutien renouvelé de Trump
Du côté de l’opposition vénézuélienne, qui conteste la réélection de Nicolas Maduro lors du scrutin présidentiel de juillet dernier, on espère que Donald Trump apportera un soutien renouvelé à leur cause. Une grande partie de la diaspora vénézuélienne a d’ailleurs célébré la victoire de l’ancien président, y voyant l’opportunité de mettre fin à l’ère Maduro.
Cependant, selon la politologue Vanda Felbab-Brown, de la Brookings Institution à Washington, renverser le régime ne sera « pas plus facile que lors de son premier mandat ». Tout dépendra de l’équipe chargée des Affaires étrangères qui sera mise en place par Trump, et notamment de la présence ou non de faucons anti-Maduro comme le sénateur Marco Rubio.
Entre sanctions et négociations, le dilemme de Trump
Au-delà de la rhétorique, Donald Trump pourrait aussi être tenté de négocier avec Nicolas Maduro, comme le souligne Christopher Sabatini, chercheur sur l’Amérique latine à Chatham House :
Il y a ses inclinations narcissiques à croire qu’il peut négocier avec des dictateurs.
L’enjeu de l’immigration pourrait notamment pousser Trump à faire des concessions afin de pouvoir reprendre les expulsions de migrants vénézuéliens sans papiers vers leur pays d’origine, une pratique suspendue par Caracas depuis la réélection contestée de Maduro.
Entre bras de fer et pragmatisme, l’approche de Donald Trump vis-à-vis du Venezuela s’annonce donc comme l’une des grandes inconnues de ce début de mandat. Une chose est sûre : dans ce dossier complexe où s’entremêlent enjeux énergétiques, migratoires et géopolitiques, le nouveau locataire de la Maison Blanche devra avancer avec prudence s’il veut éviter une nouvelle impasse diplomatique.