Dans les centres de déradicalisation du Kurdistan syrien, plus de 30 000 enfants de djihadistes grandissent enfermés, loin de leur pays d’origine. Parmi eux, 120 jeunes Français enrôlés par Daech avant l’âge de 10 ans. Un reportage exclusif de TF1 donne la parole à quatre d’entre eux, qui expriment leur désespoir et leur envie de rentrer en France.
Des enfances volées par l’idéologie fanatique
Youssef, Hamza, Hassan et Ylias ont entre 18 et 22 ans. Nés en France, ils ont grandi dans l’Hexagone avant que leurs parents ne décident de rejoindre l’État islamique en Syrie, les emmenant avec eux. Aujourd’hui, ces jeunes Français sont prisonniers dans des centres fermés, sans perspective de sortie, avec des centaines d’autres jeunes de diverses nationalités.
Hassan se souvient de son arrivée en Syrie à 10 ans, un voyage forcé avec ses frères, orchestré par leur père radicalisé. Après la mort de ce dernier et de ses frères au combat, le garçon a grandi dans la barbarie de Daech. Des images atroces le hantent, comme ces exécutions publiques auxquelles il a assisté.
Quand tu vois du sang, comment il saute, des gens crier, quelqu’un mourir devant toi, tu restes choqué debout juste à regarder. Tu peux même pas bouger.
Hassan, jeune Français retenu en Syrie
L’enfer des enfants soldats
Hamza, lui, a été enrôlé dans l’armée des enfants soldats de Daech. Il confie avoir combattu deux fois avant d’être blessé par balle. Son corps est criblé de cicatrices, séquelles d’une mine sur laquelle il a sauté en tentant de fuir. Son œil gauche ne voit plus, sa main ne répond pas. “Je suis blessé de partout en fait”, résume-t-il.
Youssef, lui, a été grièvement touché dans un bombardement. Des éclats d’obus logés dans son crâne et un bras inerte témoignent de la violence subie. Atteint d’une lourde dépression, il aurait besoin d’une opération. Mais dans ces centres, l’accès aux soins reste limité.
L’espoir d’un retour qui s’amenuise
Face aux caméras, ces jeunes clament leur innocence. “Nous, on n’y est pour rien. On était des enfants”, martèle Ylias. Pour Hamza et Youssef, le temps passé enfermé représente déjà un tiers de leur vie. Une situation qui les désespère, d’autant plus lorsqu’ils voient d’autres jeunes Européens être rapatriés, mais pas eux.
J’en ai marre, je n’arrive plus à vivre. Mon espoir est mort.
Youssef, jeune Français retenu en Syrie
La mère et les sœurs de Youssef ont été rapatriées en France en janvier 2023, le laissant seul derrière les grilles du centre. Un espoir de retrouvailles qui s’est envolé, le plongeant dans une profonde détresse. Il se raccroche désormais à des dessins représentant la tour Eiffel et un avion, fragiles promesses d’un avenir meilleur.
Un processus de déradicalisation en question
Pour extraire ces jeunes de l’idéologie fanatique dans laquelle ils ont grandi, les autorités kurdes les ont séparés de leurs familles et placés dans des centres dits de déradicalisation. Des professeurs, hommes et femmes parfois non voilées, tentent de les familiariser à une autre réalité, loin des préceptes de Daech.
Mais l’efficacité de ce processus interroge. Si la direction assure que seuls trois jeunes ont dû être écartés du programme, elle souligne aussi l’importance d’offrir à ces jeunes une perspective de retour dans leur pays. “S’ils n’ont pas la perspective de rentrer chez eux, on va perdre tout l’impact de ce processus”, alerte le directeur du centre.
Des appels à l’aide répétés
Face à cette situation, l’incompréhension et la colère montent chez ces jeunes Français. “Pourquoi on ne nous rapatrie pas jusqu’à maintenant ? On est des Français, oui ou non ?”, s’insurge Ylias. Hamza, lui, interpelle directement les autorités françaises : “Ramenez-nous en France, dans un centre, une prison, n’importe où et la France va voir qu’on n’a pas le cerveau de Daech”.
Selon des sources proches du dossier, ces quatre jeunes ne présenteraient plus de signes d’adhésion à l’idéologie de l’État islamique. Mais en l’absence de perspective de retour, leur réhabilitation reste en suspens. Un constat alarmant alors que la région reste instable, avec une centaine d’attaques de Daech encore recensées l’an dernier.
Le sort de ces enfants français, victimes du fanatisme de leurs parents et aujourd’hui bloqués dans un entre-deux géographique et psychologique, soulève de nombreuses questions. Entre devoir de protection, enjeux sécuritaires et responsabilité morale, leur rapatriement divise. Mais derrière les débats, ce sont bien des vies brisées et des innocences sacrifiées qui se dessinent, dans l’attente d’un hypothétique retour vers une terre natale qu’ils n’ont pour beaucoup jamais vraiment connue.
Face à cette situation, l’incompréhension et la colère montent chez ces jeunes Français. “Pourquoi on ne nous rapatrie pas jusqu’à maintenant ? On est des Français, oui ou non ?”, s’insurge Ylias. Hamza, lui, interpelle directement les autorités françaises : “Ramenez-nous en France, dans un centre, une prison, n’importe où et la France va voir qu’on n’a pas le cerveau de Daech”.
Selon des sources proches du dossier, ces quatre jeunes ne présenteraient plus de signes d’adhésion à l’idéologie de l’État islamique. Mais en l’absence de perspective de retour, leur réhabilitation reste en suspens. Un constat alarmant alors que la région reste instable, avec une centaine d’attaques de Daech encore recensées l’an dernier.
Le sort de ces enfants français, victimes du fanatisme de leurs parents et aujourd’hui bloqués dans un entre-deux géographique et psychologique, soulève de nombreuses questions. Entre devoir de protection, enjeux sécuritaires et responsabilité morale, leur rapatriement divise. Mais derrière les débats, ce sont bien des vies brisées et des innocences sacrifiées qui se dessinent, dans l’attente d’un hypothétique retour vers une terre natale qu’ils n’ont pour beaucoup jamais vraiment connue.