À l’approche du sommet du G20 qui se tiendra dans une semaine à Rio de Janeiro, Alessandra Korap Munduruku, une des principales activistes autochtones du Brésil, interpelle les dirigeants mondiaux. Dans un entretien accordé à une agence de presse, cette femme de 39 ans, figure de proue de la lutte contre la déforestation en Amazonie, lance un appel à l’écoute des peuples indigènes.
Un message fort à l’attention des leaders du G20
Les chefs d’État des principales économies mondiales, responsables de 80% des émissions globales de CO2, se réuniront les 18 et 19 novembre prochains dans la métropole brésilienne. En amont de ce rendez-vous crucial, Alessandra Korap Munduruku souhaite faire entendre la voix des communautés autochtones, premières victimes de la destruction de l’Amazonie.
“Soyez à l’écoute des peuples indigènes. Comment parler de développement durable sans consulter ceux qui vivent de la rivière ?”
Alessandra Korap Munduruku, activiste indigène brésilienne
Son visage s’affiche désormais en grand sur la façade d’un immeuble à Sao Paulo, dans une fresque de 30 mètres de haut réalisée par l’artiste Mundano. On peut y lire le message “Arrêtez la destruction” en anglais, accompagné du mot-dièse “#tenezvotrepromesse”.
Inquiétudes sur les projets pétroliers en Amazonie
Au-delà du G20, Alessandra Korap Munduruku se dit très préoccupée par les projets d’exploration pétrolière au large de l’embouchure de l’Amazone. Baptisé “Marge Equatoriale”, ce programme controversé suscite des tensions au sein même du gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
“Ça ne sert à rien que le gouvernement homologue certaines réserves indigènes si en même temps ils veulent approuver le pétrole en Amazonie.”
Alessandra Korap Munduruku
Alors que la ministre de l’Environnement Marina Silva s’oppose ouvertement à ces forages, le président Lula a récemment défendu l’exploitation de nouvelles réserves pétrolières, estimées à 10 milliards de barils, au nom de la croissance économique du pays.
Lutte contre la déforestation : des avancées fragiles
Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2023, Lula affiche sa volonté d’être à l’avant-garde du combat contre le réchauffement climatique. Son gouvernement peut se prévaloir d’une baisse de 30,6% de la surface déboisée en Amazonie entre août 2023 et juillet 2024, selon les données officielles.
Mais pour Alessandra Korap Munduruku, la protection de la plus grande forêt tropicale du monde est loin d’être acquise. Elle rappelle que 30 ans de conférences sur le climat n’ont pas permis de résoudre la crise environnementale et climatique.
“En 30 ans de COP, rien n’a été résolu.”
Alessandra Korap Munduruku
À quelques jours du G20, cet appel d’une des voix les plus engagées dans la défense de l’Amazonie résonne comme un avertissement. Les leaders mondiaux sauront-ils enfin entendre le cri d’alarme des peuples autochtones ? L’urgence climatique exige des actes forts. Il en va de l’avenir de la plus grande forêt tropicale du monde, et de l’humanité toute entière.